Petites phrases rentrées, ou non, dans le langage courant, piques assassines et autres coups de gueule, Le Lab vous fait revivre les déclarations marquantes des candidats pendant le débat de l’entre-deux tour.
Du "monopole du coeur" en 1974 au "calmez-vous !" en 2007
Sur europe1.fr
A quelques heures du débat entre Nicolas Sarkozy et François Hollande, qui aura lieu mercredi 2 mai 2012, Le Lab vous fait un tour d'horizon des piques et autres petites phrases restées célèbres, lors des précédantes éditions.
- 1974. Valery Giscard-d'Estaing : "Vous n'avez pas le monopole du coeur"
Mal préparé et peu à l’aise avec les caméras, François Mitterand est malmené par son adversaire, Valery Giscard d'Estaing, durant le premier débat télévisé de l'entre-deux tour.
Alors que le débat s'attarde sur la répartition des richesses, François Mitterrand déclare : "C'est, je dirais, presque une question d'intelligence,. C'est aussi une affaire de coeur".
Réponse cinglante et immédiate de VGE :
Je trouve choquant et blessant de s'arroger le monopole du coeur. Vous n'avez pas, M. Mitterrand, le monopole du coeur.
- 1981. François Mitterand : "Vous êtes l'homme du passif"
Mitterand et VGE : la revanche cathodique. Une revanche minutieusement préparée par le candidat socialiste.
Un tacle, parmi d'autres : alors que sept an plus tôt, Valéry Giscard d’Estaing avait qualifié son opposant "d'homme lié au passé par toutes (ses) fibres", François Mitterand reprend l'expression à son compte et la détourne à son avantage :
Vous ne voulez pas parler du passé et je le comprend bien naturellement. Et vous avez tendance à reprendre le refrain d’il y a 7 ans : "L’homme du passé".
C’est quand même ennuyeux que vous, dans l’intervalle, vous soyez devenu l’homme du passif.
Pendant ce débat, Mitterand a également repris VGE, qui pensait le piéger sur le cours de la monnaie allemande :
Je n'aime pas vos méthodes. Je ne suis pas votre élève.
Ici, vous n'êtes pas président de la République, mais mon contradicteur"
- 1988. François Mitterand : "Vous avez tout à fait raison, monsieur le Premier ministre"
Troisème débat télévisé pour Mitterand, qui maîtrise l'exercice de mieux en mieux, tandis que Jacques Chirac en est à son coup d'essai. Et se laisse déstabiliser très rapidement.
Alors que Jacques Chirac est Premier ministre à cette époque, il cherche se mettre à égalité avec François Mitterand :
Ce soir, vous n'êtes pas le président de la République, nous sommes deux candidats à égalité (...), vous me permettrez donc de vous appeler monsieur Mitterrand ?
Sourire aux lèvres, François Mitterand lui répondra :
Mais vous avez tout à fait raison, monsieur le Premier ministre.
- 1995. Lionel Jospin : "Il vaut mieux cinq ans avec Jospin que sept ans avec Chirac"
L'édition 95, entre Lionel Jospin et Jacques Chirac, est assez monotone. Seule une phrase ressort du lot, et fait rire le candidat RPR de bon coeur.
Lionel Jospin défend le quinquennant et sort un argument choc en sa faveur :
Il vaut mieux cinq ans avec Jospin que sept ans avec Chirac.
- 2002. Jean-Marie Le Pen : "C’est une pitoyable dégonflade"
Le débat télévisé n'aura pas lieu cette année là. Une première depuis 1974. Jacques Chirac refuse la joute verbale face à Jean-Marie Le Pen qui accède, pour la première fois, au second tour :
Pas plus que je n’ai accepté dans le passé d’alliance avec le Front national et ceci, quel qu’en soit le prix politique, pas plus que je ne l’ai accepté dans le passé, je n’accepterai de débat avec son représentant.
Je ne peux pas accepter de banalisation de l’intolérance et de la haine.
Réaction de son opposant :
C’est une pitoyable dégonflade. Quand l’adversaire d’un duel est considéré comme s’étant retiré, il est déshonoré, ce sont les règle de l’honneur.
- 2007. Nicolas Sarkozy : "Calmez-vous !"
En 2007, quelques piques émèrgent entre Ségolère Royal et Nicolas Sarkozy, au détour d'un différend sur la place du handicap.
La candidate socialiste accuse son adversaire d'avoir atteint "le summum de l'immoralité politique". Ce à quoi il répondra, quelques minutes plus tard :
Calmez-vous et ne me montrez pas du doigt avec cet index pointé.
"Non, je ne me calmerai pas !", rétorque-t-elle. "Pour être président de la République, il faut être calme", reprend le candidat de l'UMP. Et Ségolène de lui répondre qu'il y a des "colères saines" :
Non pas quand il y a des injustices. Il y a des colères saines parce qu'elles correspondent à la souffrance des gens. Il y a des colères que j'aurai même quand je serai présidente de la République.