Les meetings de Nicolas Sarkozy s’intensifient et se ressemblent. Le président entre toujours en scène sur une musique digne d’un péplum et sort, environ cinquante minutes plus tard, sur une Marseillaise chantée a capella.
Le Lab a cependant remarqué une nouveauté dans les discours du Président-Candidat. La semaine dernière, à Ormes, Nantes, Elancourt, Nimes et Besançon : Nicolas Sarkozy a fait sortir le comique qui est en lui. Sélection de gags de campagne.
Lundi à Ormes : “Fukushima c’est un tsunami”
Sur youtube.com
Après dix minutes très solennelles sur les tueries de Toulouse et Montauban, Nicolas Sarkozy fait rire la salle de militants UMP réunis à Ormes (Loiret) en tournant en dérision les propositions de ses adversaires sur le nucléaire.
Ah, on me dit, il y a eu Fukushima, Fukushima c’est un tsunami. Je n’avais pas conscience avant de venir ici que la Loire était en risque de tsunami immédiat sur la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux.
A moins que Fessenheim en Alsace soit sous un risque de tsunami venant du Rhin.
Quelques secondes plus tard, Nicolas Sarkozy rode un autre gag de campagne qu'il va utiliser à de nombreuses reprises :
La semaine dernière, on a eu le droit à une proposition originale, le candidat socialiste avait trouvé ce qui vous préoccupait.... si …. mais vous ne le saviez pas vous même.
Ce qui vous empechait de dormir.
Ce qui vous angoissait.
Et ce qui vous scandalisait.
Le mot race dans la constitution Française.
Et nous avons passé une semaine sur cette proposition essentielle.
[Il compte sur ses doigts] Le chômage, non. Sécurité non. Terrorisme non. Non ! Figurez vous que si on prend une gomme et qu’on gomme le mot race, il n’y a plus de racisme.
Donc je propose pour aider le candidat socialiste dans son programme de supprimer le mot pauvre. Ce qui nous permettra d’éradiquer la pauvreté. De faire disparaitre le mot chomeur.
Mardi à Nantes : le bide du “vous n’avez pas mal”
Sur youtube.com
Mardi 27 mars à Nantes (Loire-Atlantique), Nicolas Sarkozy n'a pas seulement inventé la "méprisance". Il a aussi fait un discours sur la Sécurité et la Justice au cours duquel il a accusé, sans la nommer, la gauche de "laxisme".
Le laxisme ne fait pas reculer la délinquance.
Ceux qui pronent le laxisme sont des irresponsables. On a vu, lorsqu'ils étaient aux responsabilités ce que ça a donné dans notre pays.
A l’époque, ils ne demandaient pas de faire la guerre au dictionnaire en supprimant les mots.
A l’époque, ils vous reprochaient d’avoir peur. Ils vous disaient, vous n’avez pas peur. Vous avez l’impression d’avoir peur.
Un peu comme ce patient qui allait chez le médecin. Et le médecin lui répondait “Vous n’avez pas mal, vous avez l’impression d’avoir mal”.
Le président fait un bide. La salle est froide et ne rit pas. Mais il annonce quand même, en cas de réélection, la généralisation des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels.
Mercredi à Elancourt, “c’est fantastique de bloquer les prix du pétrole”
Sur lelab.europe1.fr
Mercredi 28 mars à Elancourt (Yvelines) , Nicolas Sarkozy a recyclé son sketch sur "Fukushima et le tsunami impossible sur les centrales nucléaires françaises." Mais il a aussi experimenté un numéro inédit intitulé "François Hollande contre les saoudiens".
En voici le texte :
J’ai dit que si j’étais élu, je continuerai à investir dans le nucléaire et dans le renouvelable. [...]
Mais imaginez le candidat socialiste, le même jour ,explique qu’il va bloquer le prix du pétrôle, ça je savais qu’il avait le sens de l’humour mais à ce point ... [rire de la salle].
C’est fantastique. Aller bloquer les prix du pétrôle à des milliers de kilomètres du pays qu’il aspire à diriger. Cela impressionne.
C’est à dire qu’il va signer un petit arrêté en disant j’interdis aux saoudiens d’augmenter les prix du pétrôle (visage hilare du président candidat). Je suis sur que ça va impressionner. Et je les sens déjà trembler.
Puis, quelques minutes plus tard, le président affine également son sketch de la veille sur les "laxistes". Sauf que, cette fois, il nomme son adversaire. Le médecin évoqué la veille n'était pas François Hollande mais Lionel Jospin, premier ministre socialiste entre 1997 et 2002.
Alors voila qu’il y a un nouveau reproche à me faire, tous les jours y en a un nouveau. J’instrumentalise la sécurité [Il agite les mains]. Grand débat.
[...]
Alors là, j’ai cru que c’était Jospin qui revenait. Souvenez vous, un homme de qualité [Pause volontaire]. Et quand vous lui disiez, monsieur le premier ministre, on a peur. Il vous disait, “Pas du tout, vous avez le sentiment d’avoir peur. Et ça change tout. “
Contrairement à la veille à Nantes, cette fois ci ça marche. La salle rit et applaudit.
Jeudi à Nîmes : le mime de la mère de famille
Jeudi à Nîmes (Gard), le président ne parle plus, il mime.
Je pense que chacun a droit a une formation professionnelle.
La mère de famille qui a choisi d’élever ses enfants. Et puis un jour les enfants lui disent “Arrête la voiture à 200 mètres de l’école”.
Je vois que d’autres ici ont vécu cette situation. (Rires)
Du jour au lendemain on passe de la situation “Tu viens me chercher” à la situation ... [Mimes du président, applaudissements de la salle]
Cette mère de famille qui consacre quinze ans de sa vie, etc...”
Et le président continue son discours pour vanter sa promesse de référendum sur les chomeurs.
Vers 31 minutes de la vidéo ci-desssus, Nicolas Sarkozy reprend également ses critiques contre la "guerre au dictionnaire" de François Hollande. En ajoutant cette fois-ci : "Il y a eu du lourd comme disent les enfants".
Enfin le candidat UMP achève en se positionnant sur la polémique du jour sur la rémunération de Maurice Lévy, le PDG de Publicis.
Le débat sur la Justice... Figurez vous que j’entendais à la radio l’autre jour, très exactement hier, monsieur Hollande qui m’interpellait.
D’ailleurs je me demande bien ce qu’il ferait sans moi. (rires) Je dois à la fois faire mon programme et le sien. Je veux bien lui rendre service.
Et voila que hier matin à la radio, je l’entends très en colère, je me dis “Mon Dieu, qu’ai je fait ? Sans doute c’est moi”
ll était très en colère à la suite de la rémunération d’un grand patron. Et naturellement, vous imaginez que c’était de ma faute.
Les rires s'arrêtent. Le président-candidat tape, très sérieusement sur "la gauche caviar, la gauche bobo, la gauche qui aime donner des leçons de morale".
Vendredi à Besançon : “le petit club des socialistes heureux”
Sur europe1.fr
Vendredi 30 mars à Besançon (Doubs), le président-candidat-humoriste ressort les sketchs rodés pendant sa tournée de la semaine. Avec le même refrain en conclusion "Et ça veut diriger la France !"
Sur le projet de François Hollande de supprimer le mot race dans le préambule de la Constititution, toujours la même ironie de combat de la part du chef de l'État :
Moi, qui depuis cinq ans parcours la France dans tous les sens, je dois avouer que je suis sans arrêt harcelé par des gens qui m’arrêtent quand je me promène en me disant : "Monsieur le Président, c’est un scandale, arrêtez avec le mot 'race' dans préambule de 1946 de la Constitution". [rires]
Même chose pour la promesse socialiste de bloquer le prix du pétrole. Comme deux jours avant à Elancourt, Nicolas Sarkozy se moque. Mais comme tout humoriste professionnel, il ne radote pas le texte de ses sketchs à la virgule près. Il affine avec le temps. Il ajoute des piques. Ici, des pays.
Il a donc eu une idée remarquable "On va bloquer les prix du pétrôle". Et là on voit déjà les saoudiens, les iraniens, les irakiens, trembler !
Mais surtout, clou du spectacle, Nicolas Sarkozy conclut son meeting avec un nouveau numéro. Un long one-man-show sur la primaire socialiste.
Je suis rentré en campagne avec la passion dont je suis capable.
Et tout à coup je vois que les choses commencent à changer.
Et tout à coup [joignant le geste à la parole] je vois que les mines commencent à s’allonger.
Et tout à coup je m’aperçois que certains qui étaient tout contents de faire campagne quand ils étaient tout seul [rires] trouvent que c’est plus compliqué quand je suis là. Oui mais je suis là ! [Applaudissements]
Pendant des mois, ils ont fait campagne ensemble. C’est Ségolène qui voulait battre François qui voulait battre Martine. Et qui n’était pas soutenu par Laurent. Cela a leur faisait tout drôle. Ils discutaient entre eux. En famille.
Alors les sondages leur promettaient une réussite extraordinaire.
Je me disais “Mais pourquoi ils font pas 100% pendant qu’ils y sont ?”
On doit les déranger. Personne s’interessait à eux. On était dans notre coin. Et puis moi je rappellais quand même : “je suis Président de la République” [Rictus présidentiel]
Ils m’avaient oublié. C’était fini. Ils étaient tranquilles. Ils avaient fait un petit club. Le petit club des socialistes heureux. Heureux de se regarder le nombril. [...]
Soyons indulgents, imaginez ce qu’il se passe dans leurs têtes à la minute où je parle. Imaginez la migraine. Tous les matins ils doivent se dire “Mon Dieu il est encore en campagne.”