Lettre ouverte à Angela Merkel

Publié à 16h23, le 31 janvier 2012 , Modifié à 16h23, le 31 janvier 2012

Lettre ouverte à Angela Merkel
Angela Merkel au Bundestag le 19 janvier dernier.

Notre blogueur Romain Pigenel adresse un courrier de (fausse) repentance à la chancelière allemande…

  1. Madame Merkel, je vous présente les excuses du peuple français

    Chère Madame Merkel, Frau Kanzlerin,

    J’ai pris ma plume la plus rêche à la main, et j’ai enfilé mon cilice de pénitent, pour vous adresser cette supplique.

    Nous avons pêché par légèreté et vanités collectives, de ce côté du Rhin, aveuglés que nous sommes par l’arrogance sans égal du camarade François Hollande. Laissant de côté les intérêts de l’Allemagne, oubliant follement la Crise ™ qui ne nous laisse Aucune Alternative™, cédant à nouveau à la folie dispendieuse et à l’amour de la dolce vita (ces tares bien connues des peuples latins), nous avons fauté. Oui – et je pèse mes mots – nous nous sommes comportés comme des enfants capricieux et irresponsables, opposant leurs cris et leur pleurs impuissants à la kolossale menace économique et financière, qui humilie l’Europe non-germanique et la contraint à tous les sacrifices.

    J’éprouve – je vous l’avoue, Frau Kanzlerin – une honte ravageuse, au simple fait d’évoquer mentalement ce que j’ai à vous dire. Alors vous rendez-vous compte, s’il faut que je l’écrive ! Je prends mon courage à deux mains : l’actuel favori de la présidentielle, François Hollande, a osé évoquer une renégociation du pacte budgétaire européen, s’il est élu.

    Les mots me manquent pour commenter et juger cette aberration. Aussi vais-je reprendre les vôtres, rapportés dans un article du Point au titre sobre et informatif ("Hollande risque d'ouvrir une crise européenne avec Merkel"). Vous avez donc, chaleureusement mais justement répondu à la démence socialiste : "L'Europe ne pourrait pas fonctionner si tout ce qui a fait l'objet d'un accord était remis en question dès qu'un gouvernement change".

    Pourquoi, pourquoi doit-on seulement marteler de telles évidences ! Pourquoi faut-il même que le représentant de commerce de votre succursale française – un certain Alain Juppé – soit contraint d’insister auprès de nous – "Si jamais il y avait une alternance, on verrait si la France reviendrait sur cette signature. Je pense que ce serait très, très dommageable pour les intérêts de notre pays et pour l'Europe elle-même" !

    Pourquoi faut-il que vous soyez obligée, Frau Kanzlerin, de détourner un instant vos yeux du destin fabuleux de votre pays, pour rappeler que vous ne pouvez "pas imaginer que la France n'applique pas correctement la règle d'or" en cas de changement de majorité ! Comme si cela n’allait pas de soi ! Comment pouvons-nous être aussi ingrats , face à vos efforts permanents de compréhension et de générosité !

    J’ai longuement médité, dans une nuit sans sommeil, ces éléments qui font de notre pays la honte du Vieux Continent. La conclusion est tombée d’elle-même : les indigènes primitifs que nous sommes n’ont pas abdiqué leur croyance en une vieille idole païenne : la démocratie.

    Indécrottables démocrates que nous sommes, nous persistons à vénérer le libre-arbitre des peuples, et leur droit à décider eux-mêmes de leur destin. Il faut nous excuser : à la différence de nos voisins méridionaux, qui, dans leur récente modernisation, se sont munis de représentants des agences de notation comme dirigeants, nous persistons à croire au suffrage universel et à son primat. Un peu comme si nous persistions à préférer les pigeons voyageurs aux tweets !

    Le rouge me monte au front (sans doute mon surmoi marxiste, pardonnez-moi) quand j’entends que vous allez être obligée de quitter votre trône berlinois pour soutenir la campagne électorale du gérant de votre succursale française , Monsieur Sarkozy.

    Et je dois vous prévenir : dans leur chauvinisme de primates arriérés, mes compatriotes n’aiment rien moins que quand des étrangers – surtout plus évolués qu’eux – viennent leur donner des conseils pour s’améliorer.

    Peut-être pourriez-vous nous expliquer, à la place, comment devenir Allemands ?

    Votre humble serviteur,

    Romain Pigenel

    >> A lire aussi sur le Lab : L'Allemagne, ce contre-modèle

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