Liens avec le Qatar : Jean-Marie Le Guen accuse l'un des journalistes d'être un "porte-parole de Bachar al-Assad"

Publié à 16h12, le 07 décembre 2016 , Modifié à 12h06, le 08 décembre 2016

Liens avec le Qatar : Jean-Marie Le Guen accuse l'un des journalistes d'être un "porte-parole de Bachar al-Assad"
Jean-Marie Le Guen face à Georges Fenech (LR). © Montage via captures d'écran France 3.

C’est un mouvement passé plus inaperçu que le changement de Premier ministre, lors du remaniement du mardi 6 décembre : l’échange de portefeuilles ministériels entre Jean-Marie Le Guen, ex-secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement et André Vallini, ex-secrétaire d’État à la Francophonie, le second poste étant réputé comme moins prestigieux. Jean-Marie Le Guen, proche de Manuel Valls, a donc été *rétrogradé*, ce qui peut apparaître comme une sanction de François Hollande pour sa proximité avec l’ex-Premier ministre, désormais candidat à la présidentielle .

Et c’est comme tout nouveau secrétaire d’État à la Francophonie que Jean-Marie Le Guen répond ce mercredi à une question d’actualité à l’Assemblée nationale posée par Georges Fenech. "Vous allez donc devenir entre autres et au nom de la France l’interlocuteur privilégié des pétro-monarchies du Golfe", commence le député LR, qui veut "crever l’abcès". Alors que le nom de Jean-Marie Le Guen est cité dans le livre Nos très chers émirs (Michel Lafon) des journalistes Georges Malbrunot et Christian Chesnot, Georges Fenech détaille les accusations qui figurent dans cet ouvrage :

"

Vous auriez proposé, alors que vous étiez chargé des relations avec le Parlement, à l’ambassadeur du Qatar en France de lutter contre le Qatar-bashing. Pour ce faire, à l’Assemblée nationale, vous vous seriez fait fort d’écarter les questions d’actualité gênantes pouvant provenir des députés de gauche, mais à la condition qu’il fasse appel aux services d’une société de lobbying dirigée par l’un de vos proches avec un coût mensuel de prestations fixé à 10.000 €. Si ces faits étaient avérés, ils constitueraient un très grave système de corruption étatique.

"

Georges Fenech assure que sa "question ne se veut pas accusatrice", mais que "l’opposition et les Français exigent de connaître" sa réponse à ces accusations et s’il va porter plainte. Ce que Jean-Marie Le Guen a pourtant déjà annoncé. La réponse du secrétaire d’État, qui se sent mis en cause, est plutôt violente :

"

Bien évidemment, j’ai porté plainte en diffamation. Je crois savoir d’ailleurs que le statut de l’Assemblée nationale où la liberté de parole est totale, est telle que je n'ai pas la possibilité de porter plainte à votre égard, je le regrette beaucoup. À d’autres moments, si vous avez l’occasion de vous exprimer, je porterai plainte également contre ceux qui peuvent avoir ce type de parole. Vous faites référence à un livre. Vous auriez pu citer la liste de tous les responsables politiques et singulièrement d’un certain nombre de vos amis qui sont mis en cause. Je sais qu’un certain nombre d’entre eux ont également porté plainte, et donc vous aurez le souci par ces temps forcément difficiles pour la démocratie, je le crois, de faire en sorte de respecter d’une part l’honneur de ceux qui sont aujourd’hui en responsabilité de notre pays, et au-delà, de la présomption d’innocence. Luttons contre un journaliste par ailleurs bien connu, mais c’est peut-être un lien avec votre question, comme étant un des porte-parole de Bachar al-Assad dans notre pays.

"

Pour mieux démentir les accusations formulées par les journalistes, Jean-Marie Le Guen s’emploie à les décrédibiliser en avançant que l’un d’entre eux est "un des porte-parole de Bachar al-Assad dans notre pays". La même méthode donc que le secrétaire d’État à la Simplification Jean-Vincent Placé qui, lors de la webémission du Lab .pol , avait rappelé que les deux journalistes avaient été otages : "ils ont souffert et ils veulent peut être gagner de l'argent en faisant des polémiques comme ça".

Outre Jean-Marie Le Guen et Jean-Vincent Placé, d'autres élus et responsables politiques français sont accusés dans ces pages de relations incestueuses avec Doha : le député PS Nicolas Bays, l'ancienne ministre et eurodéputée LR Rachida Dati ou Nathalie Goulet. La sénatrice centriste précise au Lab qu'elle a porté plainte le 28 octobre.

[EDIT 16h53] Selon le journaliste et auteur du livre Georges Malbrunot, Jean-Marie Le Guen n'a, à ce jour, toujours pas porté plainte, contrairement à ce qu'il a affirmé :





[EDIT 21h50]

L'avocat de Jean-Marie Le Guen assure au Lab que le secrétaire d'État a bien porté plainte. Le récépissé de la plainte, déposée le 27 octobre, a été transmis à l'AFP.

[EDIT 08/12] Ajout précisions de Nathalie Goulet





À LIRE SUR LE LAB :

Interrogé sur le Qatar, Jean-Marie Le Guen fustige la "baisse de déontologie sur le service public"

Du rab sur le Lab

PlusPlus