Le seul véritable suspense portait sur la date de l’annonce. Un suspense qui s’est achevé ce lundi 5 décembre avec l’annonce de l’annonce de candidature de Manuel Valls par Matignon puis avec l’arrivée ostensible de cartons chez le Premier ministre . Au cas où un doute aurait subsisté après le renoncement inédit de François Hollande .
C’est désormais fait. Et c’est donc depuis sa ville d’Evry, dont il a été le maire de 2001 à 2012, que Manuel Valls a officialisé ce lundi sa candidature à l’élection présidentielle via la primaire de la Belle alliance populaire organisée par le PS les 22 et 29 janvier. Et Manuel Valls de déclarer :
"Je suis ici dans cette salle où je me suis marié, dans ma ville, celle de ma famille. Une ville attachante, jeune, populaire. Oui, je suis candidat à la présidence de la République. (...) Ma candidature c'est aussi une révolte. Je suis révolté au fond de moi-même à l'idée que la gauche soit disqualifiée du second tour de la présidentielle. (...) Ma candidature est celle de la conciliation, celle de la réconciliation.
"
La conséquence de cette annonce de candidature : Manuel Valls va quitter Matignon, en accord, dit-il, avec François Hollande. Ainsi a-t-il lancé :
"Le sens de l'Etat me fait considérer que je ne peux plus être Premier ministre tout en étant candidat. En accord total avec le président de la République, je quitterai mes fonctions dès demain car je veux en pleine liberté proposer aux Français un chemin.
"
Cette candidature, Manuel Valls l'inscrit dans le cadre du bilan du quinquenant. Aussi a-t-il dit du bien de François Hollande. "A François Hollande, je veux dire mon émotion, mon affection", a insisté Manuel Valls. "Sa décision est celle d’un homme d’Etat qui place l’intérêt général au dessus de tout. Je veux lui dire la chaleur de mes sentiments. (...) Ma fierté d’avoir assumé à ses cotés ces responsabilités immenses".
Entouré d'invités, de proches et d'habitants d'Evry, Manuel Valls s’est exprimé depuis la salle du conseil municipal pour une déclaration "solennelle, grave, mais aussi populaire et chaleureuse, dans toute la diversité de la ville d'Évry", selon les mots distillés auparavant par le maire vallsiste de la ville Francis Chouat.
En se déclarant candidat à la primaire de la BAP, Manuel Valls rentre de pleins pieds dans la campagne présidentielle. Mais avant l’élection officielle, le futur ex-Premier ministre devra batailler avec ses anciens ministres Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, mais aussi avec François de Rugy, Jean-Luc Bennahmias, Marie-Noëlle Lienemann ou encore Gérard Filoche.
Le chef du gouvernement ne cachait plus ses velléités élyséennes. Dès le 29 août, lors d’un meeting à Colomiers (Haute-Garonne), il s’y proclamait "Premier ministre libre". La publication du livre Un président ne devrait pas dire ça... (éd. Stock) mi-octobre a fait figure de détonateur. Manuel Valls ne cachait alors pas ses critiques contre les confidences de François Hollande, qu’il estimait être "un suicide politique" . "Si François Hollande n’y va pas, dans la minute, je suis candidat" , lâchait-il à ce moment-là.
Dimanche 27 novembre, Manuel Valls mettait la pression sur François Hollande dans une interview au JDD . "Il faut se préparer au face-à-face. Je m’y prépare, j’y suis prêt", avait-il lancé, avant d’ajouter : "Je prendrai ma décision en conscience". Son but était alors clair : empêcher que le président soit en mesure de se présenter en tentant de le disqualifier. Mission réussie. Bien aidé, il est vrai, par d’autres candidats à la présidentielle, comme Emmanuel Macron et, au PS, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon.
[BONUS TRACK] Mise à jour
Manuel Valls n'a pas tardé... à mettre à jour sa biographie Twitter. Son discours d'annonce de candidature n'était pas encore terminé que sa bio sur le réseau social indiquait déjà "Candidat à la présidence de la République", comme l'a noté un journaliste de L'Express.
.@manuelvalls n'est déjà plus Premier ministre sur son profil Twitter. pic.twitter.com/WYA3UQmrkM
— Alex Sulzer (@Alexsulzer) 5 décembre 2016
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