Manuel Valls a annoncé, ce lundi 5 décembre à Évry, sa candidature à la présidentielle (et donc à la primaire de "la Belle alliance populaire"). Il doit, dans la foulée, démissionner mardi de son poste de Premier ministre, entraînant par la même occasion la démission du gouvernement.
Il faudra donc s'y habituer : Manuel Valls sur le banc du gouvernement à l'Assemblée nationale, c'est terminé. Et si tout fonctionne pour lui, cette image ne devrait pas être vue avant longtemps.
En quatre ans et demi, le ministre de l'Intérieur devenu Premier ministre s'en est pris à à peu près tout le monde, à gauche, à droite, au centre, à l'extrême droite. Mêmes les membres de son gouvernement n'ont jamais été à l'abri de ses remontrances. Et encore, on ne parle que de ce qu'il s'est passé à l'Assemblée…
En hommage à ce vibrant artiste de la chambre basse, le Lab a décidé de vous remémorer sept moments de Manuel Valls à l'Assemblée depuis 2012.
- 13 novembre 2012 : "Le retour du terrorisme, c'est vous !"
Quelques mois seulement après la victoire de François Hollande à l'élection présidentielle, l'ambiance est déjà électrique avec l'opposition. Ce 13 novembre 2012, celui qui est alors ministre de l'Intérieur répond à une question du député LR des Alpes Maritimes Éric Ciotti. Et sa réponse est pour le moins violente :
"L'esbroufe, c'est vous ! L'échec, c'est vous ! La hausse de la délinquance, c'est vous ! Les suppressions de postes de policiers et de gendarmes, c'est vous ! Le retour du terrorisme dans ce pays, c'est vous ! La division des Français, c'est vous !
"
Une sortie qui provoque un inccident de séance. Le lendemain, invité de BFMTV, Manuel Valls disait regretter ces propos . "Dans le chaudron de l'Assemblée nationale on peut être emporté par le verbe, et je le regrette", disait-il, reconnaissant après coup que "non, bien sûr", la droite n'était pas responsable du retour du terrorisme en France.
- 3 mars 2015 : la grosse avoinée contre Gérald Darmanin
Un peu moins de trois semaines avant le premier tour des départementales, Nicolas Sarkozy déterre le concept de "FNPS" dans une interview au Figaro. Gérald Darmanin abonde dans ce sens et y va de sa petite formule pour fustiger ce qu'il voit comme une collusion entre le Front national et le Parti socialiste . "Madame Taubira est un tract pour le Front national mis en avant par François Hollande", dit-il.
Quelques heures plus tard, lors de la séance de questions au gouvernement, le député-maire de Tourcoing prend la parole et pose une question sur les retards de paiement des retraites. Manuel Valls lui répond. Mais pas du tout sur ce sujet-là. Le Premier ministre profite de cette tribune pour lui passer un savon monumental au sujet de ses propos tenus le matin même :
"Je vous le dis monsieur Darmanin, les yeux dans les yeux : ce n'est ni la jeunesse, ni la campagne électorale, ni le combat politique, qui doivent vous permettre de tenir de tels propos et nous ne le permettrons jamais.
"
- 10 mars 2015 : la stigmatisation de Marion Maréchal-Le Pen
Le premier tour des départementales approche et la tension s'amplifie encore un peu plus. Manuel Valls mène campagne contre le FN et revendique "la stigmatisation de Marine Le Pen" . Ce qui ne ravit pas franchement les rangs frontistes.
Le 10 mars, Marion Maréchal-Le Pen interpelle le Premier ministre lors de la séance de questions au gouvernement. "Gardez donc votre mépris crétin et vos leçons de République pour votre propre parti qui en moins de trois ans a oscillé entre phobie administrative et faux diplôme", lance la députée du Vaucluse.
La réponse du chef du gouvernement est du même acabit. Après avoir estimé qu'en deux minutes de question, Marion Maréchal-Le Pen a résumé "l'outrance, la démagogie et le vrai visage de l'extrême droite" et estimé que "l'insulte" et "la calomnie" fondent le FN, Manuel Valls ajoute :
"Il est temps que dans ce pays il y ait un débat, qu'on déchire le voile, la mascarade qui est la vôtre. […] Jusqu'au bout je mènerai campagne pour vous stigmatiser et pour vous dire que vous n'êtes ni la République, ni la France.
"
- 13 mai 2015 : le fumage de pétard
Le 9 mai 2015 a eu lieu, à Paris, une manifestation demandant la légalisation du cannabis. Un événement qui a manifestement beaucoup choqué le député UMP de Paris Philippe Goujon car certains participants avaient un joint à la bouche. Il demande donc ce mercredi lors des QAG que ce type de marche soit interdite à l'avenir.
La ministre de la Santé Marisol Touraine lui rétorque que "la liberté de manifester est protégée par notre Constitution et par la Convention des droits de l'Homme". Elle rappelle que la consommation de cannabis est "un enjeu de santé publique aux effets préoccupants pour la santé".
Le sujet semble en tout cas bien amuser Manuel Valls qui mime :
- 12 janvier 2016 : la grosse remontrance à Noël Mamère
L'année 2016 débute sur les chapeaux de roue. Première séance de questions au gouvernement et première passe d'armes entre le chef du gouvernement et un élu. Ce dernier n'est autre que Noël Mamère, pas vraiment raccord avec le Premier ministre sur l'orientation politique du gouvernement.
Le député-maire de Bègles attaque Manuel Valls sur la réforme constitutionnelle qui, à l'époque, se prépare avec, souvenez-vous, la déchéance de nationalité. "Après le tournant social libéral, les aventures militaires, vous êtes en train d'enfoncer un clou de plus sur le cercueil de la gauche", lance Noël Mamère, accusant le chef du gouvernement de "satisfaire de misérables calculs politiciens" avec "un cynisme sidérant".
La réponse de Manuel Valls est du même ton :
"Nous connaissons vos outrances. Et je me rappelle même monsieur Mamère de vos mots et de vos outrances quelques secondes, quelques minutes après un accident terrible d'autocar dans votre département monsieur Mamère [voir ici ]. […] Vous ne ratez rien ! Vous êtes toujours en dehors de la réalité ! Vous ne comprenez rien ni à la France ni à la gauche.
"
- 10 mai 2016 : l'engueulade d'Emmanuel Macron
Cela semble loin : Emmanuel Macron est encore au gouvernement. Mais il ne fait plus grand mystère de ses ambitions présidentielles qui devraient se traduire par une prochaine démission du ministre de l'Économie. En attendant, le ministre multiplie les sorties polémiques comme ce 9 mai où, dans Sud-ouest , il met en cause la "caste politique" dont il dit "ne pas faire partie".
Le lendemain, Manuel Valls profite de la séance de questions au gouvernement pour rappeler Emmanuel Macron à l'ordre :
"- Manuel Valls : C’est inacceptable. Pourquoi tu dis ça ?
- Emmanuel Macron : Je suis d’accord avec toi, c’est Juppé que je visais.
- Manuel Valls : Mais alors dis-le ! Dis-le !
"
- 12 octobre 2016 : l'attention portée à Alain Marsaud
Parfois, les séances de questions au gouvernement se déroule sur un ton moins virulent. Il arrive même à Manuel Valls de s'inquiéter de l'état de santé de certains parlementaires. Bon, certes, en l'espèce, cela lui permet surtout de se moquer du député LR Alain Marsaud qui, ce jour d'octobre 2016, s'indigne du RSA perçu par un islamiste radical.
Manuel Valls choisit de ne pas répondre et envoie à sa place Ségolène Neuville, secrétaire d’Etat aux personnes handicapées. Alain Marsaud se lève immédiatement et proteste avec force. Alors que le président de l'Assemblée, Claude Bartolone, lui adresse quelques remontrances, on aperçoit Manuel Valls à l’image. Ce dernier lui fait signer de se calmer et se touche le cœur. Comme si cette agitation pouvait être dangereuse pour la santé du député…
[BONUS TRACK] Quand c'est au tour de Manuel Valls de se faire tancer à l'Assemblée
On le sait, les parlementaires et ministres ne sont pas toujours pleinement concentrés sur des activités strictement politiques lorsqu'ils sont en séance solennelle dans les divers hémicycles de la République. Exemple criant assorti d'une bonne vieille tape sur les doigts, jeudi 12 mai 2016.
Les députés débattent et votent sur la motion de censure déposée par les groupes LR et UDI à la suite de l'utilisation du 49.3 par le gouvernement sur la loi Travail, André Chassaigne défend la position de son groupe. Puis s'interrompt car... Myriam El Khomri et Manuel Valls sont dissipés .
"Je vous remercie d'écouter et d'être un peu respectueux de ceux qui s'expriment. […] Faites attention, on peut lire sur les lèvres ce que vous dites.
"
Ce qui amuse beaucoup la droite.
[BONUS TRACK 2] LOLILOL
Manuel Valls ne fait pas QUE s'énerver sur les bancs de l'Assemblée. Il lui arrive d'exploser de rire. Mais vraiment. Et sans pouvoir s'arrêter. Le 13 juillet 2016, le député Les Républicains (LR) Arnaud Viala prend la parole. Il décide de poser une question sur... la cohésion de l'équipe gouvernementale. Rapport à Emmanuel Macron qui donne des meetings où il évoque une possible candidature présidentielle.
Manuel Valls laisse le soin à Jean-Marie Le Guen de donner la réplique. Et, pendant que le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement répond, le Premier ministre explose littéralement de rire . Peut-être en raison d'un bon mot du trio Michel Sapin-Patrick Kanner-Jean-Vincent Placé, avec qui le Premier ministre a l'air de bien s'amuser. Ou peut-être tout simplement parce que Jean-Marie Le Guen refuse ostensiblement de répondre sur le fond de la question d'Arnaud Viala.
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