Pour cette première séance de questions au gouvernement de l'année 2016, Manuel Valls ne s'est pas énervé. Interrogé à plusieurs reprises sur la réforme constitutionnelle à venir, le Premier ministre a répondu à Christian Jacob (LR) , à André Chassaigne (GDR) et à Noël Mamère. Le député écolo questionne assez violemment le Premier ministre. Ce dernier reste calme mais le tance sévèrement.
Noël Mamère accuse :
"Après le tournant social libéral, les aventures militaires, vous êtes en train d'enfoncer un clou de plus sur le cercueil de la gauche. C'est une déchéance en effet au regard de ce que la gauche a pu faire en 1981. Je pense en particulier à l'abolition de la peine de mort ou à la suppression de la cour de sûreté de l'Etat. Et 35 ans plus tard, pour satisfaire de misérables calculs politiciens, vous vous apprêtez à toucher à notre loi fondamentale en y introduisant la déchéance de nationalité avec un cynisme sidérant.
"
Il le brocarde : "Non monsieur le Premier ministre, vous ne rassemblez pas les Français, vous les divisez ! Petit à petit, vous êtes en train de décortiquer l'Etat de droit pour installer l'Etat de sécurité."
Manuel Valls se fait tranchant pour répondre au député de Gironde. "Au delà de l'outrance" qu'il ne veut "même pas commenter", il affirme "le désaccord absolu et total avec votre vision de la gauche et de la France". Un dézingage en 3 points :
- L'absence de vote des lois antiterroristes
"Nos compatriotes ont besoin de sécurité et c'est l'honneur de ce gouvernement, de cette majorité et de l'ensemble de ce parlement à chaque fois qu'il a fallu voter - d'avoir voté -mais c'est vrai vous n'êtes jamais au rendez-vous - des lois antiterroristes qui nous permettent de mieux lutter contre le terrorisme tout en préservant notre Etat de droit. C'est notre honneur.
"
- Une *légèreté* dans l'expression
"Vous parlez d'aventures militaires. Je sais bien qu'on peut tout entendre aujourd'hui dans notre vie publique... Vous parlez d'aventures militaires. Mais lesquelles ? Nos soldats qui sont allés sauver le Mali ? (...) Vous parlez d'aventures militaires ? Quand il s'agit de combattre le terrorisme en Irak et en Syrie ?
"
- Des fréquentations douteuses
Le Premier ministre questionne le député sur une polémique pendant la campagne des régionales sur un appel à participation de Clémentine Autain à une manifestation à laquelle participait Tariq Ramadan (ce que conteste la leader de la gauche de la gauche ).
"Vous parlez de valeurs ? Quand des gens proches de vous, avec qui vous signez des pétitions participent à des mouvements avec Tariq Ramadan, mettant en cause profondément les valeurs, la République, la France ? Vous parlez de ça ?
"
Pour terminer, le Premier ministre revient sur l'accident de bus en Gironde le 23 octobre 2015 qui avait causé la mort de plus de 40 personnes. Accident qui avait incité Noël Mamère a montrer du doigt la politique menée par Emmanuel Macron . Il dit : "Nous connaissons vos outrances. Et je me rappelle même monsieur Mamère de vos mots et de vos outrances quelques secondes, quelques minutes après un accident terrible d'autocar dans votre département monsieur Mamère."
Manuel Valls conclut :
"Vous ne ratez rien ! Vous êtes toujours en dehors de la réalité ! Vous ne comprenez rien ni à la France ni à la gauche.
"
Manuel Valls qui se fait même applaudir sur certains bancs de droite.
Interrogé dans les couloirs de l'Assemblée par LCP quelques minutes plus tard, Noël Mamère réagit : "Il s'est livré à des attaques ad hominem. Je trouve ça petit."