Luc Chatel assure que la presse quotidienne régionale est "affligée" par Hollande au Supplément. Vraiment ?

Publié à 10h25, le 20 avril 2015 , Modifié à 10h57, le 20 avril 2015

Luc Chatel assure que la presse quotidienne régionale est "affligée" par Hollande au Supplément. Vraiment ?
Luc Chatel sur France inter le 20 avril 2015.

La presse quotidienne régionale, "affligée" par le passage de François Hollande sur Canal+ ? C'est ce qu'affirme Luc Chatel ce 20 avril sur France Inter. Un argument qui se veut de poids dans la bouche du député UMP qui a trouvé le président de la République "désespérant", tout comme le choix d'une émission d'infotainment, le Supplément .

Il lance donc :

 

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J’ai été très intéressé – excusez-moi de citer vos confrères de la presse quotidienne régionale (...) moi qui suis un élu de province, je sais ce qu’est la presse quotidienne régionale – eh bien lisez-les ce matin, ils sont affligés par l’exercice. Parce qu’il y a un décalage considérable entre les attentes des Français, les difficultés du pays et l’espèce de spectacle médiatique de communicant auquel on a assisté hier.

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Luc Chatel se base sans doute sur des extraits d'une dépêche AFP publiée ce 20 avril au matin et recensant les réactions de certains éditorialistes après la prestation présidentielle. Intitulé "Hollande sur Canal + : "blagounettes et chansonnette", la parole présidentielle "gaspillée"", l'article évoque les éditos de quotidiens nationaux et de cinq journaux locaux. La critique y est effectivement acerbe. On peut par exemple lire dans un édito de La Montagne :

 

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Mais que diable est-il donc allé faire dans ce théâtre cathodique, à l'heure du brunch dominical, sur une chaîne pour jeunes bobos branchés ?

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Selon l'éditorialiste des Dernières Nouvelles d'Alsace, avec "ces deux heures de complaisant direct dans une émission branchée", François Hollande nage en pleine "société du spectacle". Ouest France, pour sa part, critique davantage le manque d'action que l'exercice en lui-même :

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Sur le seul sujet où les Français l'attendent vraiment, et qui pourrait lui assurer une réélection, la croissance et l'emploi, il a beau répéter qu'il ne lâchera rien, il donne l'impression d'attendre.

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De fait, et contrairement à la généralité faite par Luc Chatel, la presse quotidienne régionale n'est pas vent debout contre "l'espèce de spectacle médiatique". On peut lire dans La Dépêche du Midi que le chef de l'Etat "s'est tiré avec prudence de l'exercice, avant tout soucieux de rassurer".

La Voix du Nord se concentre surtout sur le "dialogue avec des lycéens" que François Hollande a tenté d'instaurer durant l'émission :

 

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Le téléspectateur qui avait préféré Canal au brunch dominical y a tout autant vu la capacité du président à dialoguer que le gouffre à combler. Hollande n’est pas allé jusqu’à prétendre "avoir le swag" comme Mitterrand était risiblement "cablé", mais il est apparu "plutôt sympa", un trait qu’il lui faut conserver avant de reconquérir l’essentiel : la crédibilité auprès de ces jeunes.

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Surtout, une grande partie de la PQR n'évoque tout simplement pas la prestation télévisée du chef de l'Etat dans ses éditos. Pour beaucoup comme le Dauphiné Libéré, le Courrier Picard, l'Est Républicain ou Sud Ouest - mais également pour le Journal de Haute-Marne, le fief de Luc Chatel - le naufrage de 700 migrants en pleine Méditerranée a largement supplanté la politique française.

"Affligés", oui, mais pas forcément par François Hollande.



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