Manuel du parfait candidat "anti-système"

Publié à 15h28, le 01 décembre 2011 , Modifié à 16h11, le 02 décembre 2011

Manuel du parfait candidat "anti-système"
Marine Le Pen le 16/01/11. (Reuters)

La cuvée 2012 est riche de candidats dits "anti-système" : Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, Nicolas Dupont-Aignan et même Eva Joly, qui a récemment durci son discours. Quelle est la marche à suivre pour décrocher l'insigne de candidat "hors sérail" ? Le Lab vous livre la recette.

  1. Qui sont les candidats anti-système ?

    • Marine Le Pen, de manière classique, se pose en candidate "anti-système". Exemple parmi d'autres, la posture qu'elle a tenue lors de son récent voyage aux Etats-Unis, comme le relate le quotidien économique Les Echos

    EXTRAIT

    'Ce déplacement prouve encore combien Marine Le Pen est une candidate anti-système', analyse son chef de cabinet, Bruno Bilde. De quoi séduire finalement au Front les nostalgiques de la 'diabolisation'.

    • Jean-Luc Mélenchon, dégagé du PS depuis 2007 incarne de son point de vue "le bruit et la fureur". Depuis, ses saillies contre l'establishment ont façonné son personnage. Et sa réputation a même franchi les frontières. Dès l'été dernier, la posture "anti-système" du leader du Parti de gauche a ainsi été décryptée avec justesse par l'Echo, un quotidien économique belge.

    EXTRAIT 

    En un peu plus de deux ans, il a réussi à devenir la figure la plus médiatique de la gauche de la gauche en France, et à se construire l’image d’un politique 'anti-élite'.

    • Philippe Poutou, héraut de la gauche anti-capitaliste, le candidat NPA s'autoproclame le "seul candidat anti-système" et en fait un de ses axes de campagne comme le raconte un reportage du Journal du Dimanche du 25 novembre dernier.

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    Epaulé par Olivier Besancenot pour son premier meeting en région parisienne, Philippe Poutou se veut le 'seul vrai candidat anti-système'. Peu à l’aise en tribune, le représentant du NPA a décliné les grands axes de sa campagne : 'autogestion ouvrière" et "bouclier social'.

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    'Je ne suis pas anti système, le système est anti moi'; 'Banquiers plein de fric, citoyens indignés'; 'Mai 2011 le peuple parle : nous cherchons la solution que les politiques ne nous donnent pas. Ces trois slogans parmi d’autres, criés par les Espagnols qui se mobilisent de plus en plus dans les rues et sur les places de Madrid, résument particulièrement bien le désarroi des opinions européennes. 

    • Plus surprenant, la représentante écologiste Eva Joly peaufine elle aussi son statut de candidate "anti-système" comme en témoigne un reportage particulièrement éclairant des Inrocks.

    EXTRAIT

    Candidate inclassable, rejetant les combinazione d'appareil, elle répond plus que nul autre à leur soif d'idéalisme et d'éthique en politique.

  2. Règle n°1 : taper sur les journalistes

    Pour gagner des lettres de noblesse dans la hiérarchie "anti-système", il faut tirer à boulets rouges sur les journalistes. Le meilleur exemple en la matière reste la volée de bois vert qu'avait reçue un étudiant en journalisme de la part de Jean-Luc Mélenchon en 2010. Voir la video : 

    Dans un style plus subtil, Eva Joly, toujours dans l'excellent papier des Inrocks, critique elle aussi les pratiques journalistiques. 

    EXTRAIT 

    Interrogée sur la démission de son porte-parole, Eva Joly esquive la question par un tacle :  'Si vous sortiez du microcosme parisien et, si vous arrêtiez de vous copier les uns et les autres et que vous alliez à la rencontre des militants, vous sauriez ce qu'il en est.'

    Quant à Marine Le Pen, elle n'hésite pas non plus à expliquer par A plus B aux journalistes pourquoi ils font mal leur métier. Un exemple parmi beaucoup d'autres, Marine Le Pen juge "scandaleux" qu'un journaliste de France Inter lui pose une question sur le maréchal Pétain et refuse d'y répondre. Voir la video: 

  3. Règle n° 2 : fustiger le parisianisme

    Sur Nicolasdupontaignan

    Un bon candidat "anti-système" se doit de critiquer Paris, et plus précisement "le microcosme parisien". Un exemple : Nicolas Dupont-Aignan, sur son blog, accuse le "petit milieu" d'avoir propulsé DSK en position de favori alors "que tout le microcosme parisien connaissait (ses) graves travers. Et depuis longtemps", écrit-il sur son blog. 

    Dans un autre registre, Philippe Poutou ne passe qu'une journée par semaine au sein de la capitale, selon cet excellent portrait paru dans Libération en août dernier. Le candidat du NPA vit encore en Gironde, où il travaille à l'usine Ford.

    EXTRAIT 

    Il a d’ailleurs décidé qu’il continuerait à travailler pendant la campagne. Pour ne pas se couper de son milieu. Quatre jours à l’usine et un jour pour aller à Paris

  4. Règle n°3 : abhorrer les grandes écoles

    Sur Lemonde-educ.blog.lemonde.fr

    Un déclinaison de la haine de Paris, la détestation des grandes écoles, type Sciences Po ou HEC. La candidate écologiste Eva Joly propose même de les supprimer car "elles sont au centre de l'inégalité française", comme l'a rappelé Lemonde.fr en mai dernier.

    EXTRAIT 

    Les grands patrons des banques françaises viennent de s'accorder des bonus injustifiables, au mépris de la directive européenne qui régule leurs rémunérations. Cette situation montre bien qu'il y a une confiscation du pouvoir par une oligarchie française. Lorsqu'on regarde leur parcours, on s'aperçoit qu'ils sont issus des mêmes grandes écoles : ces grandes écoles, qui sont la fierté de la République, forment une élite qui a perdu de vue l'intérêt général.

  5. Règle n°4 : Renvoyer PS et UMP dos à dos

    Un candidat anti-système qui se respecte se doit de renvoyer le Parti Socialiste et l'UMP dos à dos : il ne voit pas quelles sont les différences entre les deux, juge qu'il n'y en a pas un pour rattraper l'autre et veut faire exploser les clivages traditionnels. 

    • Marine Le Pen a par exemple dénoncé le 4 novembre dernier "la collusion entre l'UMP et le PS". Elle pense que les deux partis partagent less mêmes orientations sur l'euro, le règne des marchés financiers et la mise à l'écart des peuples." 
    • Interviewé par le figaro.fr le 30 octobre dernier, Nicolas Dupont-Aignan a estimé que l'UMP comme le PS étaient "hors-course." Voir la video :

    EXTRAIT

    Copé, toujours lui, s’en empare quand il dénonce dans l’accord PSEÉLV  "le troc de circonscriptions contre l’abandon de réacteurs nucléaires : 25 circonscriptions contre 25 réacteurs, une folie pure." Mais ce qui est remarquable, c’est que le candidat et les dirigeants du PS ne répondent pas sur ce terrain, ne s’emploient pas, par exemple, à défendre contre la droite cette réduction – très partielle et progressive – du parc nucléaire français. Non, ils mettent en avant la capacité démontrée par Hollande d’être "ferme" face à ses partenaires d’EÉLV.

  6. Bonus : Refuser les codes vestimentaires...

    Invité d'On n'est pas couché le 29 octobre dernier, Philippe Poutou, assis, porte jean et chemise sans veste, mais il laisse également entrevoir ses chausettes blanches de sport (voir la photo ci-dessus). Pas question de se plier aux codes vestimentaires de l'élite parisienne !

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