A deux reprises, ce jeudi 11 avril, invité d’Europe 1, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a voulu se montrer sous les jours du ministre modèle, qui, toujours, joue collectif.
Premier exemple avec la question de la publication, par plusieurs ministres, de leur déclaration de patrimoine dans les médias – Marisol Touraine, Arnaud Montebourg, Marie-Arlette Carlotti ont notamment devancé la date du lundi 15 avril annoncée par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault.
Eh bien ne comptez pas sur Manuel Valls pour se hasarder sur cette voie :
Le Premier ministre nous a demandé précisément que chacun l'adresse pour publication, lundi.
Parce que si on commence, chacun, les uns et les autres, à déclarer notre patrimoine sur les antennes, ça donne le sentiment que certains sont vertueux, et que d'autres ne le sont pas.
Moi, je suis vertueux, mais collectif, aussi.
Et voilà Manuel Valls embarqué sur les vertus du jeu collectif au sein d’un gouvernement où certains ont, parfois, la tentation du solo :
Il faut jouer, de manière générale [...] c'est vrai pour notre pays, c'est vrai pour la majorité, c'est vrai pour notre gouvernement, il est temps de jouer collectif, autour du président de la République et du Premier ministre.
Quelques minutes plus tard, rebelotte.
Manuel Valls est cette fois explicitement interrogé sur les appels, répétés, de ministres souhaitant "gauchir" la politique économique du gouvernement – Benoît Hamon, Arnaud Montebourg et Cécile Duflot ont notamment multiplié les prises de positions publiquesen ce sens, ces derniers jours.
Manuel Valls va, cette fois encore, procéder en deux temps.
D’abord, rappeler la justesse de la politique économique made in François Hollande, reprenant le mot clef du chef de l’Etat qui fait pourtant grincer les dents d’Arnaud Montebourg, le "sérieux budgétaire" :
Je pense que ce qu'a dit le président de la République à la fois publiquement hier et en conseil des ministres est très important.
Il a rappelé que le sérieux budgétaire, c'est une nécessité, c'est une condition de la crédibilité pour notre pays, qui permet d'emprunter sur des marchés financiers à des taux qui n'ont jamais été aussi bas.
C'est la condition aussi de la souveraineté, de l'indépendance, en évitant un endettement excessif, et c'est la condition aussi de notre capacité de notre pays à peser sur le cours de l'Europe.
Avant de suggérer que les voix discordantes sont, peut-être, tout simplement victime d’un petit manque de courage, et "n’assument" pas la ligne du chef de l’Etat :
Moi, je ne commente pas ce que disent les autres ou ce que pensent les autres. Je dis tout simplement qu'il fautassumer ce que nous faisons depuis dix mois […]
Il faut assumer le fait que nous redressons les comptes publics, et ça n'a rien à voir avec de l'austérité économique, c'est du sérieux.
Il faut assumer la loi qui a été votée en première lecture à l'Assemblée nationale qui permet le dialogue social et qui permet aussi de rendre, là également, le marché du travail plus compétitif.
Il faut assumer la politique que nous menons.
Il faut que la gauche, il faut que le Parti socialiste, que tous les membres du gouvernement assument ce cap qui est un cap qui doit permettre le redressement du pays.
Un peu plus tard, Manuel Valls lancera encore :
Pour que François Hollande exerce pleinement [son autorité], chacun doit jouer collectif, et chacun doit pleinement assumer le cap qui est celui du président de la République, qui est celui qui a reçu la confiance des Français il y a un an.
Voici la vidéo de cet entretien:
Vous souvenez-vous de Manuel Valls racontant que, à la place de Jean-Marc Ayrault, lui aurait "sans doute" viré Arnaud Montebourg pour ses propos sur l’aéroport Notre-Dame-des-Landes – sortie pour laquelle Manuel Valls avait été prié de se fendre d’un petit SMS d’excusesà Jean-Marc Ayrault ?
Eh bien ne comptez pas sur le ministre de l’Intérieur pour se faire avoir une deuxième fois – même si, sur le fond, il semble ne pas moins en penser.
Interrogé sur les risques encourus par les frondeurs, Manuel Valls explique d’abord :
C'est leur affaire, c'est pas la mienne.
Puis, prié de dire comment il réagirait face à un collaborateur qui, publiquement, le désavouerait, Manuel Valls use de la périphrase :
Vous connaissez mon sérieux et ma capacité à exercer pleinement l'autorité.
Chacun aura compris ce que cela veut dire.