Mariage pour tous, respect pour tous

Publié à 16h55, le 11 septembre 2012 , Modifié à 16h55, le 11 septembre 2012

Mariage pour tous, respect pour tous
Christian Taubira à la sortie du Palais de l'Elysée. (Reuters)

Jean-Marc Ayrault avait promis en juillet qu'"au premier semestre 2013, le droit au mariage et à l'adoption" serait "ouvert à tous les couples". Une promesse de campagne de François Hollande.
Mardi, Christiane Taubira a dévoilé mardi les grandes lignes du projet de loi sur le mariage et l'adoption homosexuels. Notre blogueuse Delphine Dumont revient sur cette question, où elle partage l'avis de la majorité sur le fond, mais n'est pas d'accord avec la forme.

  1. Mariage pour tous, mais pas n'importe comment

    Je suis personnellement plus que favorable à l'ouverture du droit au mariage aux homosexuels. L'interdiction actuelle me parait absurde en raison de son décalage avec la société.

    Je connais de nombreux couples homosexuels dont, souvent, la vie plan-plan étonnerait ceux qui l'imaginent comme une gaypride permanente. La plupart de ces couples ont des enfants, parfois issus d'unions hétérosexuelles précédentes, parfois adoptés par l'un des parents, en toute hypocrisie, ou encore conçus grâce à la procréation médicalement assistée autorisée dans un pays voisin.

    Ces couples souffrent à la fois de ne pouvoir officialiser leur union, de ne pouvoir accéder aux mêmes droits sociaux que les couples hétéros mariés et de ne pouvoir protéger leur partenaire en cas de décès.

    Enfin, j'ai été élevée dans l'idée que le mariage était bien plus qu'une officialisation, un véritable engagement devant les hommes et, pour les croyants, devant Dieu. Mes amis homos qui ont été élevés dans cette même idée éprouvent une vraie peine de ne pouvoir prendre cet engagement.

    Voilà, ce sont mes raisons d'être favorable à l'ouverture du droit au mariage aux homosexuels. Je comprends parfaitement qu'elles ne soient pas universellement partagées, je comprends très bien que cette idée puisse heurter profondément certaines personnes sans que cela en fasse pour autant des homophobes. 

    Certains arguments des opposants, en particulier sur l'ouverture à l'adoption ou à la procréation médicalement assistée, sont très solides et font que j'accorderais une attention toute particulière à ce qui sera ou non dans le texte de loi.

    Je souhaite donc que le mariage pour tous soit une réalité le plus rapidement possible mais pas n'importe comment.

    Je suis, par exemple, très choquée que Christiane Taubira veuille obliger les maires à célébrer les mariages homosexuels. Comme pour le service militaire en son temps ou l'avortement, l'objection de conscience doit être recevable.

    Je comprends bien les complications qu'entraînerait le refus du maire et de ses adjoints mais un gouvernement qui est capable de pondre une réduction du prix de l'essence de 6 centimes, de créer un impôt pour une infime poignée de personnes ou encore d'envisager une chimère comme la tarification progressive de l'énergie, ce gouvernement-là pourra sûrement trouver une solution à une aussi légère anicroche.

    On envisage sereinement que des parents refusent de laisser leurs enfants manger du porc à la cantine mais on voudrait que les maires, quelles que soient leurs convictions intimes, célèbrent tous les mariages qui se présentent à eux ? Cela ne me semble souhaitable ni pour les maires, ni pour les mariés, 

    cette obligation provoquerait inévitablement des cérémonies au vinaigre, voire des échanges de noms d'oiseaux.

    Ce n'est pas plus souhaitable pour la société où ce type de passage en force inutile a le don de crisper les opinions.

    Aujourd'hui, je demande donc le droit au mariage pour tous, mais aussi le respect pour tous, n'en déplaise à madame Taubira !

Du rab sur le Lab

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