En échouant à obtenir un groupe parlementaire au soir du second tour des législatives (malgré l’élection de Marine Le Pen au Palais Bourbon ), ce dimanche 18 juin, le FN sait qu’une période de règlements de compte va s’ouvrir. Notamment lors du prochain bureau politique du parti d’extrême droite, le 20 juin. Surtout qu’un invité indésirable compte bien venir dire ce qu’il pense de ce qu’est devenu le parti dirigé par Marine Le Pen : Jean-Marie Le Pen.
Mais la néo-députée FN n’entend pas voir son père, exclu du FN mais toujours président d’honneur du parti, siéger en face d’elle dans cette instance. Au JDD du dimanche 18 juin, la "fille de" explique qu’elle préfère payer une amende plutôt que de laisser "le Menhir" venir troubler un "BP" qui s’annonce déjà tendu :
"Il ne rentrera pas. Je préfère payer des amendes que de l'avoir assis en face de moi.
"
Et d’ajouter :
"C'est un adversaire politique. Il a présenté des candidats contre nous aux élections…
"
Alors que Jean-Marie Le Pen avait fait connaître son intention de venir s’incruster dans cette instance dirigeante frontiste où il peut siéger en tant que président d’honneur, Nicolas Bay, le secrétaire général du FN, avait déjà répondu "niet". "Jean-Marie Le Pen ne fait plus partie du Front national, il en a été exclu il y a deux ans, et la justice a reconnu la validité de cette exclusion. Donc s'il se présente il ne pourra pas rentrer (...), les grilles seront fermées", avait-il prévenu.
Sauf que Jean-Marie Le Pen, certes exclu du FN en août 2015, a été rétabli comme président d'honneur du parti par une décision de justice à l'automne. Un statut qui lui permet d’assister à toutes les instances dirigeantes du FN, dont le bureau politique que Marine Le Pen avait arrêté de convoquer durant la campagne. L’ancien finaliste de la présidentielle de 2002 avait précisé à l'AFP attendre "pour l'instant une convocation officielle" qu’il n’avait "pas encore reçue" pour assister à cette réunion du bureau politique prévue le 20 juin par le FN.
Dans cette hypothèse où il ne pourrait pas avoir accès à la réunion, Jean-Marie Le Pen avait expliqué à l'AFP que "ça serait un acte politique d'une grande importance". "Le cas échéant, si mon client est refoulé, l'huissier peut faire appel aux forces de l'ordre", expliquait son avocat au Parisien pour mettre la pression sur les cadres frontistes. Et son entourage ajoutait :
"A 10 heures, il débarque devant la grille. On va voir ce que feront les DPS (le service d’ordre du FN, ndlr). Oseront-ils lui barrer la route ?
"
C’est visiblement l’intention du parti d’extrême droite et de sa cheffe, sachant que si Jean-Marie Le Pen est interdit de BP, le FN risque donc une amende de 2.000 € à verser à Jean-Marie Le Pen. La paix sociale – relative – au FN vaut-elle ce prix ? Marine Le Pen semble le penser.