Place de la Bastille, face à une foule nombreuse, le candidat du Front de gauche a promis lors du scrutin présidentiel une "insurrection civique". Dans sa bouche et sur de nombreuses pancartes, un grand projet : mettre en place une VIe république. "Il nous faut aujourd'hui, dans cette France défigurée par les inégalités, tourner la page une nouvelle fois de l'Ancien Régime", a souligné Jean-Luc Mélenchon, évoquant "un nouveau chapitre" qui permettra de "refonder la République, de refonder la France elle-même".
Notre éditorialiste Olivier Duhamel revient sur le projet constitutionnel du Front de gauche.
Corriger la Ve plutôt que d'inventer une VIème République
Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche font campagne pour une VIème République. En apparence, leur programme parait assez radical : élection d'une assemblée constituante, instauration d'un régime parlementaire et d'une démocratie participative, accroissement des droits sociaux, suppression ou réforme profonde du Sénat, généralisation de la proportionnelle, etc…
En réalité, il s'agit plus de corriger la Ve République que d'inventer une VIème République. Parce que la véritable VIe République, le vrai régime parlementaire, supposerait de renoncer à l'élection du président de la République par le peuple. Les communistes ont longtemps défendu cette suppression, mais ils ont fini par accepter ce mode de désignation parce qu'il est très populaire. Et c'est de l'élection directe que le président tire une bonne part de sa puissance. Mélenchon le sait tellement que, comme Mitterrand, il utilise cette occasion pour se renforcer…
Sa VIe République n'est donc qu'un mythe.