Mikis Theodorakis est de retour. Quoi, encore ? Oui, mais en personne, ou presque, cette fois-ci.
L'Humanité publie ce mercredi 27 juin, un long texte du chanteur grec, auteur de l'ancien hymne du Parti socialiste créé en 1977, agité depuis plusieurs semaines par la droite comme l'épouvantail contre le Front de gauche.
Plusieurs ténors de la droite ont accusé Jean-Luc Mélenchon d'avoir relayé un appel du chanteur, sur son blog, en juin 2011, sans savoir qu'il avait tenus des propos antisémites, comme Le Lab l'expliquait.
Dans son texte, Mikis Théodorakis s'énerve de la campagne de l'UMP faisant de lui un anti-sémite. Ce dont il se défend par ailleurs.
"Me qualifier d’antisémite [est] l’expression de la pire bassesse morale"
C'est donc la réponse du berger à la bergère. L'Humanité publie ce mercredi 27 juin un texte que le quotidien affirme provenir de Mikis Theodorakis, visiblement exaspéré d'être utilisé par la droite française comme l'épouvantail antisémite contre le Front de gauche et Jean-Luc Mélenchon.
Et maintenant, [...] en France – où brusquement on 's’est souvenu' d’une interview donnée il y a environ un an et demi –, il existe, de toute évidence, une autre raison : porter atteinte à la gauche.
Leur prétendu 'argument' est que son leader, Jean-Luc Mélenchon, me connaît et que, par conséquent… il a des amis antisémites ! Toutefois, la vérité – malheureusement pour eux – est évidente et je pense que tout homme animé de bonnes intentions peut s’en rendre compte.
Dans l'interview, donnée à une chaîne grecque en février 2011, Mikis Theodorakis a tenu des propos antisémites. Quelques mois plus tard, en août 2011, Jean-Luc Mélenchon relayait un texte du chanteur grec sur la crise grecque. Un appel relayé par différents médias grecs et étrangers, l'Humanité, ou encore Marianne 2.
Il n'en fallait pas plus pour que la droite s'empare de l'affaire et intègre "Mikis Théodorakis" comme élément de langage pour sous-entendre qu'il existerait des liens entre Front de gauche et antisémitisme, pendant la campagne des législatives, comme Le Lab le 12 juin.
Le 14 juin, Jean-Luc Mélenchon a annoncé son intention de porter plainte pour diffamation contre plusieurs responsables UMP, niant avoir rencontré le chanteur grec, ce dont l'accusait Jean-François Copé.
Ce qui n'a pas dissuadé le patron de l'UMP de réagiter cet épouvantail, le 25 juin... et de se faire reprendre en direct, sur France Inter.
Cette histoire de Mikis Théodorakis tourne au ridicule. Vous n'êtes pas le premier à l'UMP à nous parler de lui. Il a été décoré par votre gouvernement [Renaud Donnedieu de Vabres lui a accordé la légion d'honneur en 2007, ndlr].
Alors, qu'en est-il de l'antisémitisme de Mikis Theodorakis ?
Il s'en défend vigoureusement, dans le texte publié par l'Humanité :
Me qualifier de raciste et d’antisémite n’est pas une simple calomnie, mais l’expression de la pire bassesse morale, issue le plus souvent de cercles proches d’organisations et d’individus opérant dans la mouvance du néonazisme.
Et détaillant ses actions empreintes d'amitié avec les juifs et Israël, qu'il met en avant comme garant de sa bonne foi, il explique que sa phrase a été tronqué :
Il suffit de dire, par erreur manifeste, dans une interview de trois heures, 'antisémite' au lieu d’'antiraciste' [en février 2011, ndlr], et on s’empare d’une seule et unique phrase dont on isole un mot, brandi comme un étendard, tout simplement pour servir l’intention de m’incriminer.
Depuis combien d’années était-on aux aguets pour une simple erreur ? Le mot 'antisémite' correspond-il vraiment à ce qui suit ? 'J’aime le peuple juif avec lequel nous avons vécu et souffert en Grèce pendant des années et je hais l’antisémitisme.'
Je suppose que mes différents ennemis se sont bien gardés de citer ces paroles.
[...] il est facile de le prouver de façon incontestable en écoutant toute la phrase, exactement comme je l’ai prononcée et non pas en la tronquant comme l’ont voulu mes adversaires.
Arrêt sur images relève que Mikis Théodorakis aurait prononcé d'autres propos antisémites, en 2003 - ce dont le chanteur se serait défendu, affirmant qu'ils auraient été mal interprétés de façon "totalement délibéré" - mais aussi en 2004.