Toute la classe politique française soutient-elle l’intervention militaire en Centrafrique ? Non, pas toute. Un député UMP, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, concède avoir de fortes réticences sur cette intervention pour laquelle il avait déjà exprimé son hostilité, expliquant que la France n’avait pas "à éteindre tous les incendies de la planète".
Invité des 4 Vérités sur France 2, ce lundi 9 décembre, Bruno Le Maire a exprimé ses doutes quant à cette opération Sangaris. Et ce, sur plusieurs points.
>> L’intérêt de la France
Tout d’abord, Bruno Le Maire s'interroge clairement sur les intérets de la France dans cette opération. Il ne les voit pas, contrairement à l’intervention au Mali, qu’il a soutenu et continue de soutenir.
Je veux dire mes fortes réserves sur modalités de cette intervention en Centrafrique.
Quel est l’intérêt de la France ? J’ai soutenu l’opération au Mali, je continue de la soutenir parce que nos armées vont là-bas pour lutter contre le terrorisme islamiste radical. C’est l’intérêt de la France. Là je ne vois pas quel est l’intérêt stratégique de la France.
Et d’ajouter :
La France, elle a le devoir de défendre les intérêts de la nation française.
>> L’isolement de la France
Deuxième réticence de la part de l’ancien ministre de l’Agriculture : le fait que la France s’engage seule. Pour le moment.
Aussi, pour Bruno Le Maire, cet isolement est suspect. Et de s’interroger :
Pourquoi est-ce que ce n’est pas une opération de maintien de la paix ?
Pourquoi est-ce que nos partenaires ne sont pas avec nous ?
Pourquoi les Etats-Unis ont l’air de se frotter les mains en se disant "ce n’est pas nous qui y allons, c’est la France" ?
"J’aurais préféré que rapidement se mette en place une opération de maintien de la paix qui associe l’ensemble des Etats concernés", précise ensuite le député UMP de l’Eure pour qui "la responsabilité de la France"était "de construire une coalition". Pas d’y aller seul.
>> La durée de l’intervention
Enfin, Bruno Le Maire est très sceptique quant à la durée annoncée de l’intervention. Pour lui, impossible pour les troupes françaises de rester seulement six mois, comme affirmé. Et l’exemple malien plaide en son sens.
Est-ce qu’on croit sérieusement qu’avec 1600 hommes qui vont intervenir dans un Etat qui est plus grand que la France, nous allons pouvoir rétablir l’Etat de droit ? J’ai les doutes les plus profonds.
Et de poursuivre, exprimant sa crainte de voir l’opération militaire s’enliser et perdurer :
Je m’inquiète sur la durée de cette opération. On nous a dit que ça allait durer six mois. Et déjà le Premier ministre de la Centrafrique nous dit qu’il faudra rester plus d’un an.