Moi, Pierre Moscovici, champion de la gauche de gouvernement

Publié à 17h21, le 26 décembre 2012 , Modifié à 17h27, le 26 décembre 2012

Moi, Pierre Moscovici, champion de la gauche de gouvernement
Pierre Moscovici, à Bercy, en novembre 2012 (photo Reuters)

ON EST CHAMPIOOOONNSSS – Ah, quelle campagne nous avons menée ! Ah, comme nous avons été précis et méthodique dans notre conquête du pouvoir ! Ah, que notre positionnement idéologique est le bon !

Evidemment, Pierre Moscovici, ci-devant ministre de l’Economie et ancien directeur de campagne de François Hollande, n’écrit pas tout à fait cela ainsi. 

Mais les idées, elles, sont là : dans un long billet intulé "la conquête du pouvoir", diffusé sur son blog habituellement dédié au relai de ses interviews dans les médias, Pierre Moscovici livre, ce mercredi 26 décembre, la première partie de ses "réflexions personnelles" sur l’année 2012, dans laquelle il livre son regard plus que satisfait sur la campagne conduite par son champion.

>> Côté idéologique, d’abord

L’ancien directeur de campagne de François Hollande, qui y livre peu d’anecdotes et privilégie une posture analytique, se dépeint comme le champion de la "gauche de gouvernement", qu’il oppose à la gauche "protestataire, ou tribunicienne" :

[Le  "rêve français" conceptualisé en 2011 par François Hollande] n’est pas qu’un doux songe, une illusion, une incitation à la facilité.

Il est d’abord une exigence, un appel à la mobilisation et à l’effort. 

C’est ce qui distingue, justement, la gauche du gouvernement de la gauche protestataire ou tribunicienne : la volonté de traduire nos idées en actes, la conviction que le dialogue social est la meilleure méthode pour faire partager le changement, que la réforme est la clé de la réussite.

Pierre Moscovici  use d’ailleurs d’un positionnement idéologique bien particulier - et embarque le nouveau chef de l’Etat et ses collègues du gouvernement avec lui dans cette définition :

Nous voulions obéir à la maxime sociale-démocrate : nous comporter dans l’opposition comme si nous étions au pouvoir, avant d’être combatifs au pouvoir comme nous pouvons l’être dans l’opposition.

"Sociale-démocratie" : pour le co-fondateur, aux côtés de Michel Rocard et de Dominique Strauss-Kahn, de feu le "club de réflexion social-démocrate"A gauche en Europe, le mot est suffisamment important pour qu’il figure dans les "tags" qui accompagnent le billet.

>> Côté méthode, ensuite

C’est simple : à lire Pierre Moscovici, la campagne de François Hollande a été parfaite.

Pas de fausses promesses, pas d’erreur de timing. Ô, il y a eu bien, ainsi que l’écrit Moscovici, quelques moments où une petite, toute petite "part d’excès", celle-là même qui caractérise, dixit le ministre, "toute campagne", a pu être observée.

Voici la manière dont Pierre Moscovici confesse cela : 

La magie et la beauté du verbe, les aléas de cette interminable quête […] nous ont conduit parfois à y céder, j’en suis conscient.

Mais, non seulement, les lecteurs de la prose ministérielle qui espéraient des exemples précis en seront pour leurs frais, mais surtout Pierre Moscovici se reprend aussitôt :

Ce ne fut pas notre inspiration générale ou principale. 

François Hollande, candidat, connaissait la situation générale du pays, il voulait une campagne sérieuse, sincère, entrainante mais non mensongère.

Cet esprit, assure encore l’ancien boss de la campagne, a régné à tous les étages de l’équipe de campagne : 

Tout devait être précis, chiffré, toute démagogie était proscrite, tant nous savions que les engagements non tenus nous seraient ensuite retournés comme des reniements ou à tout le moins des reculs.

C’est Jérôme Cahuzac, qui n’avait pas été prévenu de l’annonce sur la taxation à 75% et l’avait découverte en direct sur un plateau télé, qui sera ravi d’apprendre, a posteriori, que tout était si précis. 

Du rab sur le Lab

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