Deguise contre Deguise. C’est l’affiche que propose la ville de Noyon pour les municipales. D'un côté, le maire socialiste sortant, Patrick. De l'autre, son frère ainé Gérard investi par l'UMP et élu dans l’ancienne majorité de droite pendant 19 ans.
Depuis l’annonce de la candidature du deuxième, ils s’évitent. Patrick considère que la situation est "ubuesque" et déplore l’attitude de son frère :
Il vient trop tard et offre à cette ville une mauvaise image.
Déjà en 2007, il me disait que je n’avais rien à foutre à Noyon, que c’était lui le chef parce qu’il est le grand frère.
Pour Gérard, tout est la faute de son cadet :
La situation c’est lui qui l’a créé, il a décidé de venir à Noyon parce que la tête de liste UMP en 2008 ne lui plaisait pas.
Les tensions entre les deux hommes remontent aux municipales de 2008. Avant, Patrick Deguise était maire de Pont-l’Évêque, une commune à proximité. Il a pris la décision de se présenter à Noyon pour affronter le candidat UMP à l’époque, le député François-Michel Gonnot, un homme de "salon doré" pour lui. Sous le regard moqueur de Gérard, alors seconde tête de liste à droite, il remporte le scrutin avec 50,87% des voix.
Loin d’abandonner, Gérard Deguise a annoncé sa candidature en juin 2013. Il compte ramener «"le sérieux et la rigueur" qui manque selon lui aujourd’hui à la ville. Patrick mise de son coté sur ses capacités d’ "innovation" et son "audace", contrairement à un frère qu’il juge trop "prudent et conservateur".
Une situation qui profite à Michel Guiniot, le candidat FN. Il a beau considérer que Gérard Deguise est "un homme du passé" et que le maire socialiste a conduit la ville "au bord du précipice", il a tout de même essayé de se rapprocher de l’UMP :
Il aurait pu, sous ma direction être un adjoint mais ça ne s’est pas fait comme je m’y attendais.
Pourtant selon Patrick, son frère n’a refusé une alliance avec le FN qu’à cause de la stratégie de l’UMP au niveau départemental :
Il continue de me dire que ils ont les mêmes valeurs.
Mon père doit se retourner dans sa tombe lorsqu’on entend Gérard parler de cette façon.
Au premier tour de la présidentielle de 2012, le Front national avait obtenu 22,82% des voix.
Julien Diaz