STATUS : IT'S COMPLICATED - Elles ont longtemps moins fait parler d'elles que les deux "gauches irréconciliables", réunies qu'elles étaient derrière un candidat qu'elles voyaient triompher. Mais les droites qui s'opposent violemment aujourd'hui, dans l'après-présidentielle et la campagne des législatives, ne partiront sans doute plus en vacances ensemble, comme on dit. Elles ne travailleront peut-être même plus ensemble bien longtemps, d'ailleurs.
La fracture semble en effet difficile à réduire entre la frange centro (et donc Macron) compatible de LR et les tenants d'une opposition de droite décomplexée à la politique du Président et du Premier ministre Édouard Philippe - cet éminent juppéiste qui a franchi le Rubicon, entraînant avec lui Bruno Le Maire et Gérald Darmanin au gouvernement. Une situation des plus tendues que Nadine Morano résume d'une savante métaphore, dans les colonnes du Point jeudi 1er juin. Évoquant "l'atmosphère irrespirable" des réunions du comité électoral de LR, l'eurodéputée explique :
"C’est comme un couple qui divorce et qui est obligé de rester sous le même toit pendant un mois pour payer le dernier loyer tandis qu’il se dispute la garde des enfants.
"
Un état des lieux peu reluisant qui va dans le sens de ceux réalisés par Jean-François Copé, Thierry Solère ou encore la sénatrice juppéiste Fabienne Keller.
Bonne ambiance donc que celle de cette ère post-primaire et naufrage de François Fillon... Car outre les désaccords politiques ou stratégiques qui traversent aujourd'hui le parti de la rue de Vaugirard, il y a aussi une vraie méfiance entre certains de ses cadres. Ainsi Nadine Morano vise-t-elle expressément Gilles Boyer comme taupe potentielle, le bras droit d'Alain Juppé ayant été investi par LR aux législatives et ayant écarté tout déménagement chez La République en marche tout en restant proche du nouveau chef du gouvernement d'Emmanuel Macron :
"Gilles Boyer ne devrait plus être là. Comment peut-on parler de stratégie de campagne avec quelqu’un qui peut tout rapporter au Premier ministre de Macron ?
"
Non, vraiment, ça ne va pas très fort à droite.
[BONUS TRACK]
On apprend dans le même article du Point que jusqu'au dernier moment et alors que la rumeur enflait de toutes parts, Nicolas Sarkozy ne pouvait pas se résoudre à la nomination d'Édouard Philippe à Matignon. Ainsi a-t-il glissé à des proches, la veille de cette annonce qui allait plonger la droite dans une difficile période de reconstruction :
"Si Macron nomme Édouard Philippe à Matignon, c'est que je ne comprends plus rien à la politique !
"
Libre à vous d'en tirer les conclusions qui s'imposent.