Après avoir officiellement renoncé à son mandat de maire du Havre samedi 20 mai, Édouard Philippe a donné sa première grande interview à un quotidien en tant que Premier ministre, dimanche 21 mai au Journal du Dimanche . Pour justifier d’avoir accepté la mission que lui a confiée Emmanuel Macron alors qu’il est de droite – LR l’a exclu depuis , ainsi que Gérald Darmanin et Bruno Le Maire, eux aussi nommés au gouvernement – le nouveau résident de Matignon explique qu’il existe une "proximité évidente" entre Alain Juppé, dont il a toujours été proche, et Emmanuel Macron.
"Le système partisan français était dans une impasse" , estime Édouard Philippe au JDD. Et peu importe qu’il ne vienne pas de la même famille politique que le nouveau chef de l’Etat. Édouard Philippe faisait d’ailleurs partie des soutiens d'Alain Juppé lors de la primaire de la droite et du centre. Tout sauf une contradiction pour le Premier ministre :
"Quand je relis le programme d'Alain Juppé, son esprit et ses propositions, je retrouve beaucoup d'éléments qui figurent dans le projet d'Emmanuel Macron, notamment d’un point de vue économique. Je constate une proximité évidente. A la place qui est la mienne, j’ai le sentiment de faire avancer les idées auxquelles je crois.
"
Ou comment essayer de légitimer au maximum la présence de personnalités LR – et la sienne par la même occasion – dans ce nouveau gouvernement. S’il voit dans "l’esprit et les propositions" d’Alain Juppé des similitudes avec Emmanuel Macron, tout le monde n’approuve pas son choix. Ainsi, le maire de Bordeaux lui a même déconseillé d’accepter Matignon , selon le récit fait par Alain Juppé à ses proches et rapporté par Le Canard Enchaîné daté du 17 mai :
"Vous allez passer pour un traître. Vous allez être lâché par tout le monde [...] Je sais que Matignon ne se refuse pas, mais n’y allez pas. Prenez un gros ministère, comme la Défense.
"
Mais là aussi, il veut passer outre les critiques de son ancienne famille politique. Et Édouard Philippe est prêt à aller jusqu'au bout de sa logique. Il va ainsi "faire campagne pour les candidats" de la majorité présidentielle, quitte à ferrailler contre des anciens "amis" de LR.
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