"Nicolas Sarkozy me pose la main sur le genou …"

Publié à 14h14, le 05 octobre 2012 , Modifié à 14h14, le 05 octobre 2012

"Nicolas Sarkozy me pose la main sur le genou …"
Nicolas Sarkozy, lors d'une interview à l'Elysée, en avril 2008 (Reuters)

ENGUEULADE– La journaliste du Monde Ariane Chemin raconte comment Nicolas Sarkozy lui a passé un savon, dans le bureau d’une conseillère de l’Elysée, en janvier 2009. Le chef de l'Etat lui reprochait la publication de l’ouvrage La Nuit du Fouquet’s, qu’elle avait co-signé.

  1. "Un corps à corps viril"

    Sur la-tengo.com

    Une engueulade, franche et virile, qui comporte son lot d’envolées verbales et de gestes appuyés.

    La journaliste du Monde, Ariane Chemin, livre dans le numéro à paraître mercredi 10 octobre, du trimestriel Charles, consacré aux ouvriers de la politique - et qui a déjà fuité, notamment sur twitter- un témoignage saisissant.

    Elle y raconte en effet comment Nicolas Sarkozy, alors président, l’a admonestée, dans un échange intellectuellement et physiquement tendu.

    Objet du courroux du chef de l'Etat : la publication de La Nuit du Fouquet’s, ouvrage co-signé par Chemin, carton de ventes, qui racontait par le menu la soirée du 6 mai 2007 passée par le président fraîchement élu et un aréopage de patrons, de proches, et de people, dans le palace parisien.

    La scène, donc, se passe un matin de "janvier  2009". Elle débute dans « "un petit salon", où la journaliste patiente pour un rendez-vous avec un conseiller de l’Elysée.

    Surgit le président de la République, vite rejoint par son premier ministre, François Fillon.

    Commentaire de Sarkozy à Fillon :

    Je n’aime pas le journalisme que pratique cette fille.

    Sonnée, la journaliste encaisse le coup, puis réagit :

    Je me lève, les suis et me plante en haut de l’escalier [...].

    Je lance :

    "C’est incroyable la façon dont vous parlez aux gens, vous êtes très impoli. 

    J’ai le droit d’avoir rendez-vous ici, ce n’est pas chez vous."

    La suite

    Elle se déroule "dix minutes" plus tard, dans le bureau de la conseillère de Nicolas Sarkozy, Catherine Pégard– avec laquelle la journaliste avait donc rendez-vous.  

    Le chef de l’Etat veut son explication avec la journaliste qui, elle, prétextant que le sujet dérive de l’objet de son rendez-vous, exprime, y compris physiquement, son envie de quitter le palais de l’Elysée.

    Mais ce n’est au goût de Nicolas Sarkozy : 

    Il me retient par la manche, arrache mon caban qui lui reste dans les mains. 

    Je me rassois. 

    C’est une scène insensée.

    La rencontre durera finalement "une heure et demie […] à l’heure du déjeuner". 

    La discussion porte, pêle-mêle, sur de vieux articles et rencontres, sur le nom de l’ex-mari de la journaliste, sur l’ouvrage, évidemment.

    Commentaire de la journaliste : 

    Il n’est pas hypocrite. Il m’explique pourquoi il me déteste.

    Sarkozy essaie de vous retourner.

    La joute est verbale, intellectuelle ... mais pas seulement. 

    La journaliste raconte ainsi la scénographie : 

    Il avait rapproché son fauteuil du mien pour mener un corps à corps viril

    Il me pose la main sur le genou, alterne connivence et mépris.

    Conclusion d’Ariane Chemin ?

    Ce n’est pas dramatique que les journalistes se fassent engueuler, mais de cette fois-ci, je me souviendrai toujours. 

    Je ne l’ai jamais revu depuis.

     

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