NKM scelle l'union avec les centristes à Paris: revivez les dernières heures (difficiles) de négociations

Publié à 09h24, le 06 décembre 2013 , Modifié à 10h21, le 06 décembre 2013

NKM scelle l'union avec les centristes à Paris: revivez les dernières heures (difficiles) de négociations
Photo Thibaut Pézerat

24 HEURES CHRONO - De l’avis général, le timing aurait pu être meilleur, mais l’accord est là. La mort de Nelson Mandela et l’entrée en guerre de la France ne gâcheront surtout pas la fête. Ce 5 décembre, l’UMP, le Modem et l’UDI parisiennes ont donc trouvé un accord. Une union affichée dans un restaurant du 14e arrondissement à grands renforts de déclarations d’amour et des claquements de bises. Mais l’accouchement fut difficile. Très difficile.

Convié aux noces des trois mariés, le Lab vous raconte la soirée. Et la très longue journée de rebondissements qui l'ont précédée.

> Des noces, mais pas de contrat de mariage

Promis juré, ils trouveront un accord un jour. Ils le fêtent juste un peu en avance. Si les trois partis convoquent la presse ce 5 décembre, c’est qu’une union programmatique et de principe a bien été actée entre les trois partis. Mais force est de reconnaître que la pomme de discorde n'a pas changé: personne n’est d’accord sur le nombre de conseillers éligibles accordé par l’UMP à ses partenaires centristes.

Christian Saint-Étienne, chef de file de l’UDI à Paris, d’un naturel toujours aussi optimiste, avance le chiffre de 12 UDI et 7 Modem en position eligible.

Etouffement de ses partenaires lorsque le Labévoque cette hypothèse. Jérôme Peyrat, négociateur en chef de NKM, prend lui-même le stylo pour corriger nos notes: ce sera beaucoup mieux réparti que ça entre les deux formations centristes. Marielle de Sarnez n'est pas loin. Elle veille, avec le sourire.

Reste un principe de base: plus ou moins 30% de conseillers centristes, UDI et Modem confondus. 18 en cas de lourde défaite, 20 en limitant la casse. On comprend vite que c'est sur une hypothèse funeste que tout s'est négocié.

Qu’importe: NKM salue une union qui “n’était pas arrivée depuis 20 ans”à Paris, insistant sur la dynamique de rassemblement initiée par Jean-Louis Borloo et François Bayrou avec l'Alternative :

Ce n’est pas un mariage à trois, c’est un mariage à deux ! 

> Quand Jean-Louis Borloo tape du poing sur la table

Cela faisait des jours que l’UMP voulait qu’il mette un peu d’ordre dans sa bergerie. C’est finalement ce 5 décembre, dans le bureau de Jean-Louis Borloo, que tout s’est joué. L’ancien ministre invite alors –cordialement, comme toujours- le patron de la fédération UDI parisienne à mettre de l’eau dans son vin. Lui qui était prêt à partir en solo au premier tour, a finalement accepté de manger sa casquette.

Peu bavard, il se borne à commenter au Lab la cruelle vérité le soir même sans qu'on sache vraiment s'il ironise ou pas :

Moi je ne suis rien, je suis un accessoire.

Comme par hasard, Patrice Gassenbach et Christian Saint-Etienne partiront les premiers de la fête. L’occasion pour certains à l'UMP de refaire le match entre intimes :

Ce qui a le plus buté, c’est la capacité de Jean-Louis Borloo à faire la police dans son camp. C’est l’affirmation de Jean-Louis Borloo sur sa fédération parisienne.

Il faut avouer que l’UDI a pas mal joué avec les nerfs des autres négociateurs (et des journalistes) dans les dernières heures.

> Avant l'intervention de Borloo, le grand emballement de l'UDI Paris

Tout était pourtant si bien parti. Ce 6 décembre, le Lab est contacté côté Modem et UMP pour annoncer les fiançailles: avec 10 conseillers éligibles pour l’UDI et 8 pour le Modem, tout-le-monde-il-est-content.

Le Lab passe tout de même un coup de fil à l’UDI histoire de croiser le tout: et c’est là que ça coince sérieusement. Patrice Gassenbach, patron de la fédération UDI de Paris, est très en colère. Non, il n’a pas accepté cet accord. Il souhaite plus de 10 conseillers éligibles. Dans le même temps, le Lab met la main sur une liste aux petits oignonsélaborée par Patrice Gassenbach et Christian Saint-Etienne la veille. 20 arrondissements, 20 têtes de liste l'UDI. Tout indique que quelques heures avant l'accord l'officiel, Gassenbach et Saint-Etienne se préparent à faire cavalier seul.

Pour les observateurs, entre conférence de presse annulée et coups de poker menteur, les négociations sont *légèrement* difficiles à suivre.

Jean-Louis Borloo, qui enchaine les réunions depuis 8h30, se refuse à donner la leçon publiquement à son premier de fédération. Le midi, cité par l'AFP, il raille l'empressement de NKM à vouloir annoncer un accord:

Il y a quatre mois on nous disait à peine bonjour, maintenant on est le seul élément de relance de la campagne.

"Si c'est pas cet après-midi, c'est la semaine prochaine", conclue le boss de l'UDI. Mais sur le terrain, les esprits s'échauffent. Chez les militants;  les langues se délient: "mauvais négociateur", "irresponsable", "dictateur", personne n'a de mots assez durs pour décrire le comportement de Patrice Gassenbach.

Christian Saint-Etienne n’échappe pas non plus aux assaisonnements de circonstance, qualifié de "pantin" par plusieurs membres du parti: les deux apparaissent isolés.

> Le mot de la fin, l'union de la raison 

La conclusion de l’histoire nous est donnée par un participant aux négociations en fin de soirée :

C’est vrai que l’accord fêté ce soir, on aurait en fait pu le fêter la semaine dernière.

Mais la bienséance veut qu'on ne critique pas une union à quelques mètres des mariés. UDI, Modem, UMP, se mettent enfin d'accord sur un point: NKM avait bien besoin de ce coup d'accélérateur dans la campagne, après un gros trou d'air (les révélations sur les HLM de ses chefs de file, la séquence moments de grâce, la maladie de son père...) reconnu par beaucoup chez elle.

Pour Philippe Goujon, "si un accord se conclue facilement, c'est qu'il n'est pas bon". Le patron de la fédération UMP a des étoiles dans les yeux quand il évoque l'avenir :

Ça créé une dynamique formidable.

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