Chacun voit les "non-alignés" à sa porte. Ils sont les grands vainqueurs de la bataille de l'UMP.En appelant à la fin des hostilités et en se proposant comme médiateur, le groupe de députés mené par Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire - deux candidats à la candidature déchus - apparait comme le plus raisonnable du parti. Les deux adversaires tentent donc de s'associer à leur bonne image.
Le premier a été Jean-François Copé. Le 28 novembre, le président contesté de l'UMP demande à François Fillon de dissoudre son groupe parlementaire autonome (le RUMP). Il considère que cette dissolution est un préalable à toute discussion. Et il décide de s'appuyer sur une proposition des "non-alignés" : poser un ultimatum au camp adverse.
Voilà donc François Fillon contraint de faire disparaitre son groupe avant 15h, chose qu'il ne fera pas. Avantage pour Jean-François Copé : reprendre à son compte l'idée des "non-alignés" ne donne pas le sentiment qu'il durcit sa position. Il n'est pas responsable de l'ultimatum. Lorsqu'il l'annonce devant la presse, il le dit d'ailleurs avec distance :
J’ai observé que Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire, comme beaucoup beaucoup de nos amis, demandent à François Fillon de retirer son groupe de dissident avant 15h. Je pense que c’est la sagesse. Il me semble que la proposition qui a été faite est de bon sens.
François Fillon n'a pas tardé à en faire de même. Dès le lendemain, dans un communiqué - et au moment où les négociations avec le camp adverse sont bloquées - son équipe lance (encore) un appel à revoter. Cette fois-ci, elle s'appuie sur une autre initiative des "non-alignés" et n'hésite pas à les évoquer comme faisant partie du même combat :
Plusieurs appels pour redonner la parole aux militants ont été lancés au sein de notrefamille politique.
François Fillon approuve cette démarche et se félicite que 139 députés et la quasi totalité des sénateurs du groupe UMP, aient appelé à un nouveau vote pour l'équipe dirigeante de l'UMP.
De fait, les 139 députés ne sont pas tous fillonistes. Ce nombre intègre les 71 "non-alignés" derrière NKM et Bruno Le Maire. Et il est facile de dire que "la quasi totalité des sénateurs du groupe UMP" ont demandé un nouveau vote puisqu'au moment de ce vote ... les copéistes n'ont pas participé. Leurs voix n'ont donc pas été décomptées dans le résultat final, très majoritairement favorable à François Fillon.
En proposant à la fois la dissolution du groupe dissident et l'organisation d'un nouveau vote, les "non-alignés" satisfont, à moitié, chaque camp. Et eux-mêmes ne savent pas toujours sur quel pied danser.
Détail amusant repéré par La Croix, trois députés ont décidé de signer l'appel des "non-alignés" demandant la fin du RUMP ... et ont rallié, au même moment, le dit-RUMP. [ >> La liste de ses 68 premiers membres par ici]