Novlangue : parlez-vous le "redressement dans la justice" ?

Publié à 10h47, le 02 juillet 2012 , Modifié à 13h38, le 02 juillet 2012

Novlangue : parlez-vous le "redressement dans la justice" ?
Jean-Marc Ayrault dans les Echos du 2 juillet .

"Redressement dans la justice". Ces mots s'étalent à la une des journaux ce lundi. Alors que débute une semaine chargée en actualité économique, cette expression qui a été dans toutes les bouches socialistes pendant la campagne de François Hollande, est de retour. 

C’est l’histoire d’une tournure qui permet d'éviter de parler de "rigueur" ou "d'austérité". On en trouve l’une des premières occurrences le 14 janvier dans la réaction de François Hollande suite à la perte du triple A.

Derrière l’élément de langage, la volonté de nommer la première phase du quinquennat.

  1. Du triple A aux Echos

    Le quinquennat de François Hollande est déjà découpé. Dans Le Figaro, Pierre Moscovici explique que le mandat du chef de l'Etat "commencera par une phase de redressement dans la justice", puis se poursuivra par une phase d'expansion et de redistribution.

    "Redressement dans la justice". Une tournure récurrente dans le vocabulaire socialiste tendance Hollande. Une manière d'évoquer ce que d'autres appellent la "rigueur" ou "l'austérité". Retour sur le parcours de ce concept. 

    >> Première occurence le 14 janvier, depuis son QG 

    Le 14 janvier, l'agence de notation américaine Standard & Poors dégrade la note de la dette française et la France perd son AAA. Depuis son QG, François Hollande réagit. Il rend coupable Nicolas Sarkozy de cette situation et estime que son "pacte productif" permettra de "mettre la France sur le chemin du redressement dans la justice et par la croissance". C'est la première apparition retrouvée de cette expression dans la campagne du candidat. 

    Des efforts, il faudra en faire, avance François Hollande dans une interview accordée au Monde le lendemain. Mais pour "protéger la France", le candidat socialiste compte sur un "redressement dans la justice", explique-t-il alors. 

    Quelques jours plus tard, en déplacement à Orléans le 9 février, celui qui est alors le candidat socialiste à l'élection présidentielle a tenu un discours sur l'éducation et la nation. Dans un texte où le socialiste a énuméré "ses valeurs", il a notamment cité "le redressement dans la justice, mais aussi l'espérance dans la République". 

    Après le premier tour, ces mots sont aussi revenus dans les bouches socialistes : Jean-Marc Ayrault le 22 avril, François Hollande le lendemain et … cela a servi d'argument de séduction pour François Bayrou. Le candidat socialiste a en effet utilisé ces mots dans la lettre qu'il a envoyé au candidat du Modem, particulièrement attaché à la réduction des déficits publics, entre les deux tous de l'élection présidentielle. Au soir du second tour des élections législatives, c'est Martine Aubry qui évoquait à son tour le "redressement dans la justice".  

    Cette expression a donc été utilisée de nombreuses fois. Elle sert de pirouette afin de ne pas parler de choses qui fâchent, comme l'austérité ou la rigueur :

    Et plus que jamais au début d'une semaine où des annonces afin de réduire les déficits publics doivent être annoncées. Jean-Marc Ayrault dans les Echos et Pierre Moscovici dans Le Figaro y vont, le même jour, de leur "redressement dans la justice". 

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