On a demandé à plein de militants FN s’ils comptaient voter à la primaire de la droite (et c’est pas gagné)

Publié à 16h27, le 17 septembre 2016 , Modifié à 16h34, le 17 septembre 2016

On a demandé à plein de militants FN s’ils comptaient voter à la primaire de la droite (et c’est pas gagné)
© Sylvain Chazot.

"Pas du tout. Pour moi PS et RPR, ou UMP, c’est la même chose." Josette, adhérente au Front national depuis 1982, est on ne peut plus claire. Pour elle, il est hors de question de se déplacer les 20 et 27 novembre prochains pour voter à la primaire de la droite. Elle n’est pas un cas isolé.

Ce samedi 17 novembre à Fréjus, aux universités d’été du FN - pardon, aux Estivales de Marine Le Pen - nous avons demandé à plusieurs militants frontistes s’ils comptaient aller voter pour désigner le ou la candidate de Les Républicains à la prochaine élection présidentielle. La question n’est pas anodine. Nicolas Sarkozy compte bien sur l’électorat FN pour battre ses adversaires de la primaire, même si les "militants" et "adhérents" du parti frontiste ne représentent pas l'ensemble de l'électorat de Marine Le Pen. "Le scrutin se jouera d’abord à droite. Et les électeurs du FN auront un poids important", dit l’ancien chef de l’Etat, cité par Le Monde . Sauf que "les électeurs du FN", surtout les militants, n’ont pas l’air très enclins à l’aider.

En haut lieu, pour commencer, certains assurent qu’il ne se livreront pas à ce genre de jeu. "Je ne vais pas y aller, après il pourrait utiliser ça contre moi et dire qu’on essaye de perturber le scrutin", admet Wallerand de Saint-Just. Le trésorier du FN explique en conséquence qu’il donnera pour consigne aux adhérents de la fédération de Paris ne pas aller voter à la primaire de la droite. Même son cloche du côté de Nicolas Bay, secrétaire général du parti, qui refuse de prendre part à cet exercice. Les militants semblent sur la même longueur d’onde.

"Ils n’auront pas ma voix, ni à la primaire, ni à la présidentielle", déclare ainsi Marc, adhérent depuis 1982, même si, pour cette dernière précision, on pouvait s’en douter. Paul, la vingtaine, n’ira pas non plus. Le jeune homme n’aime pas LR. Et il n’aime pas non plus la primaire. "Je trouve ça bizarre d’avoir 50 guignols qui essayent de se présenter et ne sont même pas capables de se mettre d’accord. Au Front national, on sait très bien que c’est Marine Le Pen", explique-t-il.

"Pourquoi j’irais voter à la primaire ? Je suis au FN"

La perspective d’aller voter à la primaire amuse beaucoup Hugues, adhérent depuis un an. "Je n’aime pas jouer sur tous les deux tableaux, ce n’est pas mon style", dit-il avant de se présenter comme un déçu du sarkozysme. En face de lui, Françoise, encartée depuis 2010 approuve. "Ils n’en valent pas la peine. On a déjà donné", lance-t-elle, reconnaissant avoir voté pour le candidat de l’UMP en 2007. Un peu plus loin, Bruno semble étonné par la question. "Pourquoi j’irais voter à la primaire ? Je suis au FN", précise-t-il. Et quand on lui explique qu’il pourrait choisir le candidat qui, selon lui, serait le plus facile à battre par Marine Le Pen, l’adhérent rétorque qu’il n’apprécie guère les ambitieux de l’autre camp. "On est pour un parti, on ne va pas aller voter pour un autre parti", poursuit à côté Grégory, encarté depuis 2013.

"Ca ne me concerne pas, malheureusement, parce qu’il pourrait y avoir débat. Mais c’est un grand cirque, leur primaire", tempère Yann, adhérent depuis 1989. "Les choses se feront naturellement. De toutes façons, Sarkozy, c’est un mec démago, c’est un ventriloque, c’est un vendeur de la Samaritaine. Il va essayer de droitiser son discours mais on sait que les actes ne suivront pas", souffle Philippe, reprenant les éléments de langage du FN, avant de juger Alain Juppé, pour sa part, "incompétent". Lui non plus n’ira pas voter les 20 et 27 novembre prochains. "Je préfère aller au cirque Pinder ou Bouglione", ajoute-t-il. Le "cirque", toujours.

En cherchant un peu, on trouve Nathalie. La jeune femme n’est pas encartée ; employée de la fonction publique, elle n’en a pas la possibilité. Mais elle adhère bien aux idées frontistes. Attablée dans la cour du parc Caquot de Fréjus, elle reconnaît hésiter à aller voter à la primaire "pour faire barrage à Nicolas Sarkozy". "Je ne veux pas qu’il passe", dit-elle. Tout le monde n’est pas d’accord. Certains préfèrent devoir affronter l’ancien chef de l’Etat. "Il a un bilan. Les autres n’en ont pas", résume Yann. "Sarkozy, c’est le dernier des derniers", conclut Josette. L’intéressé appréciera.

Tout cela est limpide : la primaire de la droite concerne Les Républicains, la "fausse" droite puisque la "vraie" droite, elle se trouve à Fréjus à en croire les militants que nous avons interrogé. Et cette "vraie" droite, incarnée par Marine Le Pen, se moque de qui la "fausse" droite désignera comme son candidat.

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