C'est un tournant dans la législation européenne sur les perturbateurs endocriniens : mardi 5 juillet, les Etats membres de l'UE ont approuvé les critères de définition de ces perturbateurs, non seulement ceux qui sont "avérés", mais aussi ceux qui sont "présumés". Aux dires du commissaire européen à la Santé Vytenis Andriukaitis, ce texte "assurera que toute substance active utilisée dans les pesticides identifiée comme perturbateur endocrinien pour les personnes ou les animaux pourra être évaluée et retirée du marché".
Ainsi, dans un communiqué, le Parti socialiste "s’indigne que la France ait cédé dans la bataille", qualifiant les "avancées obtenues par Nicolas Hulot" de "timides". Pour rappel, ce texte était bloqué depuis plus d'un an, notamment par la France. Le PS continue :
"Cette nouvelle mouture est en réalité une capitulation en rase campagne face aux lobbys industriels européens qui, d’une part, ont imposé des « exemptions » pour certains de leurs pesticides et qui, d’autre part, ont exigé un niveau de preuves si élevé qu’il faudra attendre des années avant de retirer certains produits du marché – lesquels, entre-temps, auront affecté la santé de nos concitoyens. Il s’agit d’un renoncement grave à la mise en œuvre principe de précaution.
"
Le Parti socialiste reprend ainsi un argumentaire qui était un thème fort de la campagne de Benoît Hamon, lui qui a depuis quitté le parti.
Même analyse du côté d'EELV. Dans un communiqué, les écolos s'inquiètent :
"Cette nouvelle décision permet l’application du règlement européen de 2009 sur les pesticides mais permet aussi de devenir l’outil de base de la régulation de tous les secteurs de l’industrie concernant ces produits. Cosmétiques, agroalimentaire, mais également jouets deviennent ainsi de potentielles armes d’empoisonnement massif. Après la courte victoire française du Ministre de la transition écologique et solidaire, la France a donc décidé sciemment de perdre cette guerre.
"
~ Interlude technique ~
Les perturbateurs endocriniens sont susceptibles d'agir sur le système hormonal et d'être à l'origine de dysfonctionnements comme l'obésité ou l'infertilité, de malformations congénitales ou de retard de développement.
~ Fin de l'interlude technique ~
Pendant sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait inscrit dans son programme :
"L'Etat interdira au plus vite les perturbateurs endocriniens repérés comme ayant des impacts sanitaires avérés ou probables, dès lors qu'il existe des solutions scientifiquement reconnues comme moins toxiques.
"
Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a de suite déclaré : "On a gagné une bataille mais pas la guerre". Et il renchérit, auprès de Libération : "Il s’agit d’une avancée majeure".
Mais tout le monde ne se réjouit pas de cette nouvelle, principalement parce que les critères décidés mardi s'appliqueront dans le cadre de la réglementation des pesticides. Sauf que les perturbateurs endocriniens se retrouvent aussi dans de nombreux produits de la vie courante, comme les cosmétiques et les jouets.
S'il existe nombre d'exceptions pour certains produits contenant des perturbateurs endocriniens, la France se réserve le droit d'interdire unilatéralement certaines substances sur son territoire, comme la législation européenne le lui permet.
Le PS en appelle désormais aux eurodéputés, qui doivent voter l'adoption du texte. Et EELV de rappeler que 70 ONG "dénoncent ce renoncement immoral", "dont la Fondation Nicolas Hulot".
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