DEFINITION - "Il faut appeler au patriotisme dans cette période." Dimanche soir, lors de son intervention sur TF1, François Hollande a fait une ode au patriotisme économique en réponse à l’affaire Bernard Arnault. Un vocable, un élément de langage, à la mode.
"Qui est le plus patriote dans ce pays ? "
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"Il faut appeler au patriotisme dans cette période, quand on demande un effort, quand on demande un redressement, ce que je fais. Je note que Bernard Arnault a dit lui-même qu'il prendrait sa part, qu'il donnerait sa contribution."
"Dimanche soir, sur TF1, François Hollande a remis sur le devant du discours politique du gouvernement la notion de patriotisme. Notamment économique, en réaction à la possible naturalisation belge du PDG Bernard Arnault en vue d’un exil fiscal.
Ainsi, le chef de l’Etat a répété, interrogé sur la taxe à 75% des revenus les plus élevés :
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"J'ai considéré que si on faisait cette réforme fiscale, si on demandait un effort", il "était très important que ceux qui se rémunèrent très largement, plus d'un million d'euros, soient également conscients qu'il convient de montrer l'exemple pour être patriote".
"Etre Français, c'est recevoir, et donner à son pays, c'est ça le patriotisme, c'est donner le meilleur de soi-même et chacun doit prendre sa part", a-t-il encore expliqué.
"Une récurrence raillée par François Fillon, lundi matin sur Europe 1 :
"Qui est le plus patriote dans ce pays ? Est-ce que c’est quelqu’un qui a créé des milliers d’emplois, quelqu’un qui paye et qui fait payer des milliards d’euros d’impôts, dont on admire le travail partout dans le monde, ou ceux qui écrivent ces papiers ?".
Un élément de langage vraisemblablement préparé car repris en choeur par des ténors socialistes dans la foulée de l’intervention télévisuelle du chef de l’Etat.
Bruno Le Roux, président du groupe socialiste, sur Twitter, dimanche soir :
Une contribution exceptionnelle pour cette période de crise c'est un acte civique, patriotique#JTHollande
— Bruno Le Roux (@BrunoLeRoux) Septembre 9, 2012
Ensuite, ce fut au tour de Claude Bartolone, président PS de l’Assemblée nationale en déplacement à Washington, de réagir par un communiqué en demandant "aux grandes fortunes de France" d’être "patriotes" :
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"Aux États-Unis comme en France, la crise fait sentir sa morsure et nécessitera l'effort de tous, à hauteur des moyens de chacun. Être patriote c'est aimer et servir son pays dans les périodes fastes comme en temps de disette […].
Barack Obama, avec la "règle Buffet", et François Hollande, avec la taxe à 75%, partagent l'idée juste que les hyper-fortunes doivent être mises à contribution dans le redressement national. Aussi, j'en appelle aux grandes fortunes de France : soyez patriotes !".
"Dès dimanche après-midi, avant l’intervention de François Hollande, Benoît Hamon usait également du patriotisme :
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"J'attends des Français, notamment les plus riches, qu'ils soient des vrais patriotes."
"Et si Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, avait déjà mis en avant ce concept dans le débat public, en juin dernier , c’est Dominique de Villepin, lorsqu’il était à Matignon, qui l’avait mis au goût du jour des politiques, notamment en période de crise économique.
L’ancien fidèle de Jacques Chirac déclarait alors, en juillet 2005 :
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Je souhaite rassembler toutes nos énergies autour d'un véritable patriotisme économique […] Je sais que cela ne fait pas partie du langage habituel mais il s'agit bien, quand la situation est difficile, quand le monde change, de rassembler nos forces […] et défendre la France et ce qui est français.
"Le patriotisme est aussi un élément de langage récurrent de l’extrême-droite et de la droite souverainiste.
Si Nicolas Dupont-Aignan appelle régulièrement au "rassemblement de tous les patriotes" , Marine Le Pen, elle, déplorait, lundi matin sur France Info , le manque de… "patriotisme économique" de Jean-Marc Ayrault et de son gouvernement :
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François Hollande commet une erreur de diagnostic […] La maladie, c'est la concurrence déloyale qui nous est faite par des pays à très bas coût, c'est l'absence de protectionnisme intelligent à nos frontières, c'est le refus de mettre en œuvre un patriotisme économique.
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