INSTANT RADIO - Nicolas Dupont-Aignan poursuit tranquillement sa rentrée médiatique et politique. Après le 20 heures de TF1 le 27 août et avant une réunion publique à Aubervilliers ce dimanche (pour laquelle il a promis une "surprise"), le candidat à la présidentielle est invité de France Info, samedi 3 septembre au matin. Il réagit tout d'abord à quelques uns des faits d'actualité politique de la semaine passée (la démission d'Emmanuel Macron, les annonces de Bernard Cazeneuve sur la "jungle" de Calais). Mais rapidement, et selon le principe de l'émission, "un auditeur" se voit donner la possibilité de l'interpeller par téléphone. Et cette personne, c'est Florian Philippot.
Sollicité par la radio, le numéro 2 du FN saisit donc l'occasion pour proposer à son interlocuteur une alliance en vue de la présidentielle. Une nouvelle fois. C'est que l'intéressé occupe le même segment du "patriotisme" autoproclamé que le parti de Marine Le Pen. Par ailleurs, les deux hommes revendiquent le même héritage "gaulliste". Autant, alors, ne pas prendre le risque de diviser l'électorat et s'unir pour mettre fin au "système", n'est-ce pas ? Seulement, le député souverainiste a toujours donné une fin de non recevoir (avec un discours souvent peu compréhensible) à ces appels du pied de l'eurodéputé frontiste, lui proposant même avec force trolling de rejoindre Debout La France plutôt que l'inverse.
Leur échange matinal de ce début septembre ne déroge donc en rien à cette logique. Mais au passage, Florian Philippot s'engage publiquement à soutenir Nicolas Dupont-Aignan au second tour de la présidentielle s'il se qualifie et que Marine Le Pen reste à quai :
"- Florian Philippot : Je respecte parfaitement votre candidature, que je trouve parfaitement légitime. Vous savez que nos adversaires, qui sont quand même aussi des adversaires de la France [...], savent s'unir. Ils savent s'unir quand leur leadership est mis en cause, ou quand ils risquent évidemment de perdre leurs postes. [...] Pensons dès maintenant au second tour. Et pensons dès maintenant aux élections législatives. Il faut que nous ayons cette responsabilité, devant la France et les Français, d'unir les patriotes.
- Nicolas Dupont-Aignan : Vous voulez me rallier, monsieur Philippot ? Vous vous sentez mal au Front national ?
- Florian Philippot : Quelle sera la position de monsieur Dupont-Aignan lors du second tour de l'élection présidentielle, est-ce qu'il envisagerait que nous puissions discuter pour les élections législatives ? Je vous dis cela parce que je pense que l'union des patriotes, l'union de tous ceux qui sont attachés à l'identité nationale, à la souveraineté nationale de notre pays, elle est maintenant vitale.
- Nicolas Dupont-Aignan : Ne faites pas comme les autres partis politiques, laissez le premier tour se dérouler [...]. Parce que je crois qu'entre ceux qui ont échoué, que je combats - et vous aussi monsieur Philippot, et vous avez raison et je vous en félicite - et le Front national et ses ambiguïtés, ses difficultés, son programme qui n'est pas assez sérieux, il y a des millions de Français qui veulent un autre choix. Et c'est ce choix que je veux incarner. Pour la première fois, je vais offrir aux Français la possibilité d'échapper à ce dilemme dans lequel on veut nous enfermer. [...] Je maintiens que le face-à-face entre le Front national et le système sert en fait le système et que je suis le seul à avoir un projet raisonnable, sérieux, de rupture avec le système. Eh bien monsieur Philippot me dira ce qu'il fera si je suis en tête et que madame Le Pen est derrière moi.
- Florian Philippot : Je peux vous répondre. Si, monsieur Dupont-Aignan, vous êtes au second tour de l'élection présidentielle et que bien sûr Marine Le Pen n'y est pas, je vous le dis tout de suite : je vous soutiens et nous appellerons à voter pour vous.
- Nicolas Dupont-Aignan : Eh bien je vous en remercie.
- Florian Philippot : C'est sans ambiguïté parce que nous faisons le choix du camp de la France. Maintenant, si nous raisonnons selon l'hypothèse la plus probable, il est hautement possible que Marine Le Pen soit au second tour [...] et moi je vous dis : il n'est plus seulement nécessaire, il est vital aujourd'hui de nous unir, de nous rassembler.
- Nicolas Dupont-Aignan : Vous ne m'enfermerez pas. Arrêtez d'enfermer les Français dans ce choix.
"
Visiblement, aucun accord ne sortira de cette discussion. D'autant plus qu'il s'agit à nouveau d'une proposition faite par le biais médiatique, ce que Nicolas Dupont-Aignan ne goûte guère, préférant les palabres directes et privées, qui témoigneraient d'une véritable volonté d'alliance selon lui. Mais là où, auparavant, ces invitations et refus se passaient par voix de presse interposée, à distance, les deux hommes ont cette fois eu l'occasion de se parler directement, en direct et prenant donc les auditeurs à témoin.
Et si vous voulez réécouter le tout, c'est par ici :
Avec cette interpellation, Florian Philippot est en tout cas fidèle à lui-même. S'il fustige les alliances de ce que lui et son parti nomment "l'UMPS", il aimerait que les deux partis de gouvernement aient au moins la politesse de prévenir les électeurs qu'ils s'apprêtent à les former. Avant les élections régionales de décembre 2015, le numéro 2 du FN disait ainsi : "C’est une forme de mépris pour les électeurs que de faire croire avant le premier tour qu’on s’oppose [...] pour mieux négocier un retrait ou une fusion de listes entre les deux tours. S’ils veulent le faire, ils ont le droit de le faire, légalement, juridiquement, mais il faut le dire avant le premier tour, parce que sinon on est dans le cinéma, on est dans le théâtre." On ne pourra pas lui enlever qu'il s'applique cette exigence à lui-même.