"C'est un rapport utile qui va permettre au gouvernement d’engager le travail, la concertation." Toute la com' du gouvernement est résumée dans cette phrase de Marisol Touraine, ce 14 juin sur BFMTV. Certes, le rapport Moreau sur les retraites vient d'être remis à Jean-Marc Ayrault, mais ne vous attendez pas à la moindre annonce concrète sur le sujet d'ici à la rentrée.
La technique avait déjà été utilisée avant et pendant la concertation sur la sécurisation de l'emploi mais aussi avec la remise du rapport Fragonard sur la politique familiale. A chaque fois, le gouvernement refuse de donner sa préférence entre toutes les "pistes"évoquées, et ce jusqu'au jour de l'annonce. Concernant les allocations familiales, deux communiqués de presse différents avaient même été préparés jusqu'à la dernière minute, pour éviter les fuites.
Depuis que la question des retraites leur est posée, les ministres ont donc pour consigne de ne communiquer que sur la concertation. Les membres du gouvernement non concernés par la réforme ont même été priés de ne pas s'étaler sur la question, a confié au Lab un desdits-ministres.
La première étape, celle du "rapport", ayant été franchie ce 14 juin avec la remise du travail de Yannick Moreau, cette posture du silence se poursuit. Exemple avec Marisol Touraine, ministre en charge de la réforme, qui, tantôt interrogée sur un éventuel allongement de la durée de la cotisation, tantôt sur l'effort que devront peut-être consentir les retraités, botte à chaque fois en touche, prônant inlassablement la con-cer-ta-tion :
Je veux souligner que les pistes ne préfigurent en aucun cas la réforme portée par le gouvernement et que ce ne sont pas des pistesqui ont vocation à être additionnées les unes aux autres. (...)
Le gouvernement engage la concertation avec une volonté de responsabilité et surtout de justice. (...)
ll y a tout une série de propositions, encore une fois la concertation s’engage.(...)
Il y aura une concertation, encore une fois, aujourd’hui il y a eu la remise d’un rapport utile, qui fait un constat, celui de la nécessité de prendre des mesures pour inscrire dans la durée notre système de retraites. (...)
Cela suppose une vaste concertation. C’est cette concertation qui nous permettra d’aboutir à des propositions précises qui feront l’objet d’un projet de loi à la rentrée.
Dans son discours et dans une tribune publiée par Le Monde, Jean-Marc Ayrault ne dit pas autre chose :
Pour organiser la concertation, j'ai résolu de la fonder sur deux principes : la continuité et la justice. (...) A présent, je veux une concertation dense, construite, ouverte et sincère.
Puis, en septembre, mon gouvernement décidera en responsabilité et présentera son projet.
Sauf changement de stratégie en cours de route, cet air devrait être entonné tout l'été par les membres du gouvernement. Le temps que concertation se fasse.