Pour Aurélie Filippetti, la réforme constitutionnelle "ne sera pas votée au Congrès de Versailles"

Publié à 08h16, le 10 février 2016 , Modifié à 10h26, le 10 février 2016

Pour Aurélie Filippetti, la réforme constitutionnelle "ne sera pas votée au Congrès de Versailles"
Aurélie Filippetti enterrant le Congrès de Versailles, mercredi 10 février 2016 © Montage Le Lab via captures d'écran France Info

VERSAILLES IS DEAD - 14 voix d'écart. C'est la marge minimale avec laquelle la déchéance de nationalité a été votée par les députés, mardi 9 février au soir à l'Assemblée nationale. 92 élus socialistes, en particulier, se sont opposés à l'article 2 de ce projet de loi constitutionnelle. Le vote solennel sur l'ensemble du texte aura lieu ce mercredi. Et dans un mois, ce sera au Sénat (où la majorité est à droite) de se prononcer. Tout cela ne sent pas très bon pour l'exécutif dans la perspective du Congrès de Versailles, appelé à voter cette révision de la Constitution.

Pour cela, François Hollande et son gouvernement devront réunir une majorité des 3/5èmes de tous les parlementaires. Et après la grosse fronde de mardi (et l'opposition de tout un pan de la droite), certains estiment d'ores et déjà que le texte ne sera pas voté à Versailles. C'est le cas d'Aurélie Filippetti.

L'ancienne ministre, devenue frondeuse en quittant le gouvernement et en retrouvant les bancs PS à l'Assemblée, estime ainsi, mercredi sur France Info, que la révision constitutionnelle "ne sera pas votée au Congrès de Versailles". Elle ajoute :

 

"

Ça relève quasiment de la mission impossible pour le président de la République. Donc ça aura été tout ça pour ça.

"

L'élue de Moselle déplore "l'énergie gaspillée" sur ce débat explosif, alors que la question de la lutte contre le terrorisme faisait naître une attente "d'autre chose" selon elle. "Le plus probable, c'est qu'il y ait une majoritée à l'Assemblée [pour le vote solennel ce mercredi, ndlr] mais relativement courte", poursuit-elle, avant d'enterrer plus encore le Congrès :

"

Vu ce qui s'est passé à l'Assemblée, je vois pas comment ce texte pourrait ensuite suivre son cours et entrer un jour dans la Constitution.

 

"

Et de conclure sur ce camouflet pour François Hollande : "Ce n'est pas une victoire suffisamment nette pour qu'il puisse en tirer un quelconque bénéfice. C'est vraiment pas une victoire."

A droite aussi, on doute fortement que le Parlement soit convoqué en Congrès. Ainsi l'ancien président LR de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer a jugé ce mercredi que le Congrès voulu par François Hollande était "mort-né". Interrogé sur RFI, le prédécesseur de Claude Bartolone au perchoir a pronostiqué un vote "probablement favorable mais serré" de l'Assemblée nationale mercredi après-midi sur l’ensemble du texte.

Mais après l'adoption à une courte majorité de l'article 2 comprenant la déchéance, et "comme le congrès exige de réunir à Versailles, avec les députés et les sénateurs, une majorité de "3/5e, on peut dire aujourd'hui que cet objectif sera inatteignable et en conséquence on peut dire que le Congrès hollandais est mort-né", a pronostiqué le député LR.

[BONUS TRACK] #MacronDémission

Aurélie Filippetti a par ailleurs été interrogée sur le cas d'Emmanuel Macron. Le ministre de l'Économie a pris une position très ferme contre la déchéance de nationalité mardi soir, en plein débat à l'Assemblée - et qui plus est juste avant le remaniement tant annoncé.

La députée socialiste commence par ironiser : "Il rejoint les rangs des frondeurs, c'est très bien, c'est un scoop. Maintenant, ce serait bien qu'il nous rejoigne sur la politique économique, mais c'est un autre sujet." Et de faire remarquer que par le passé surant ce quinquennat, les ministres qui s'aventuraient à critiquer la ligne de l'exécutif (elle-même, mais aussi Arnaud Montebourg, Benoît Hamon ou Delphine Batho) l'ont tous payé par un limogeage :

 

"

Ça s'est soldé à chaque fois par des expulsions non pas de la communauté nationale, mais en l'occurrence de la communauté gouvernementale, donc on verra ce qu'il adviendra d'Emmanuel Macron.

"

Du rab sur le Lab

PlusPlus