Pour le président du CESE Jean-Paul Delevoye, le FN est "l'offre la plus cohérente du paysage politique"

Publié à 13h44, le 17 novembre 2013 , Modifié à 17h16, le 17 novembre 2013

Pour le président du CESE Jean-Paul Delevoye, le FN est "l'offre la plus cohérente du paysage politique"
Jean-Paul Delevoye en septembre 2012. (REUTERS/Jacky Naegelen )

COHERENCE - Depuis qu'il a été nommé président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) en 2010, l'ancien ministre de la Fonction publique de Jean-Pierre Raffarin Jean-Paul Delevoye a une parole politique plus libre.

Ses rapports sur l'état de France, qu'il disait "prête à exploser" en 2011 laissent à voir une liberté de ton certaine. Début novembre, il a même quitté l'UMP après avoir soutenu un député socialiste pour lui succéder à la mairie de Bapaume (Pas-de-Calais).

Dans un Grand entretien au site Rue89 publié dimanche 17 novembre, Jean-Paul Delevoye revient sur la virulence de la crise politique en France, dénonçant un "enfermement de l'intelligence dans des frontières politiques" :

J'ai toujours préféré travailler avec un type de gauche intelligent qu'avec un type de droite idiot.

Interrogé par Rue89, il analyse l'importance prise par le Front national dans le paysage politique : c'est que le parti de Marine Le Pen, explique Jean-Paul Delevoye, est plus cohérent que le PS ou l'UMP.

Dans le paysage politique aujourd’hui, l’offre la plus cohérente est celle du Front national. Il y a un leader, un parti, une organisation.

Au Front de Gauche, il pourrait y avoir une cohérence mais elle est compliquée par la diversité des leaders. Il pourrait aussi y avoir une cohérence sur le centre entre Bayrou et Borloo autour de l’Europe.

Mais c’est clair que les deux partis politiques les plus malades aujourd’hui par cette absence de cohérence, de leaders, de projets et par les conflits de personnes, c’est le Parti socialiste et l’UMP.

Si ça se poursuit, on ne peut que prévoir l’éclatement du PS et de l’UMP, et une recomposition de l’offre politique basée autour de projets.

Parmi les explications avancées par le président du CESE pour expliquer le désamour des Français pour leurs responsables politiques, l'impression qu'ils "n'ont pas de convictions, mais que de postures" :

Les gens s’entendent pour le pouvoir mais pas sur des convictions. L’alternance a montré que quand on arrivait au pouvoir, on faisait l’inverse de ce qu’on disait dans l’opposition et quand on est dans l’opposition, on fait l’inverse de ce qu’on faisait dans la majorité.
L’augmentation des impôts, c’est Fillon qui l’a décidée, c’est Ayrault qui l’applique. Sur l’intervention au Mali, l’opposition demandait un débat parlementaire qu’elle aurait certainement condamnée au temps de Sarkozy et la gauche devient interventionniste alors qu’elle est plutôt pacifiste.

On est à front renversé et l’opinion se dit que les politiques n’ont pas de convictions mais que de postures.

 Dans ce contexte, poursuit Jean-Paul Delevoye, Marine Le Pen apparait comme "un outil intéressant pour dire merde à la classe politique traditionnelle" :

Marine Le Pen apparaît comme l’arme légale et politique pour renverser le système.

J’ai toujours reproché à la classe politique républicaine d’avoir une attitude de culpabilisation presque judéo-chrétienne lorsqu’elle dit que c’est un péché de voter Marine Le Pen. On joue sur la « conscience » des bons électeurs.
Marine Le Pen est le thermomètre qui donne la température de l’insuffisance de l’offre politique républicaine.

Le vote FN n’est pas l’adhésion à un choix de société, on voit bien dans ses discours que ce n’est pas cohérent, mais c’est un outil intéressant pour dire "merde"à la classe politique traditionnelle.

Pour aller plus loin : Le grand entretien de Jean-Paul Delevoye sur le site Rue89.

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