Les élus locaux sont en colère. Alors qu’Emmanuel Macron s’était engagé devant eux à ne pas baisser brutalement les dotations aux collectivités en 2018, le gouvernement a annulé des crédits de l'État destinés aux collectivités territoriales pour 2017 pour un montant d'environ 300 millions d'euros, a-t-on appris mercredi 2 août. Ce que François Baroin, président LR de l’Association des maires de France, a dénoncé dans un courrier daté du même jour au Premier ministre Édouard Philippe.
Mais dans une interview au JDD ce dimanche, Gérard Collomb minimise la grogne des élus en rappelant le soutien de ce même François Baroin à François Fillon lors de la campagne présidentielle. Le ministre de l’Intérieur déclare :
"- Le JDD : 300 millions d’euros de dotations aux collectivités supprimées en 2017... Les élus locaux sont très fâchés, non ?
- Gérard Collomb : Le gouvernement a dû prendre ses responsabilités face à une situation budgétaire très dégradée. Toutes les lignes de dépenses ont été mises à contribution, y compris celles des collectivités territoriales. En dehors de mes fonctions de ministre de l’Intérieur, je reste élu local et je connais donc bien la situation des collectivités territoriales. Ce que nous visons, c’est un pacte entre les élus locaux et le gouvernement pour faire baisser la dépense publique des collectivités locales, mais en leur donnant la main pour qu’elles la baissent elles-mêmes, selon les modalités qu’elles choisissent.
- Le JDD : Donc il n’y pas de grogne des élus locaux ?
- Gérard Collomb : Si, bien sûr. Mais je rappelle que l’un de ceux qui sont à la pointe du combat, le président de l’AMF François Baroin, soutenait pendant la campagne présidentielle un candidat qui voulait baisser les dotations aux collectivités locales de 20 milliards d’euros...
"
Gérard Collomb essaie ainsi de ramener la grogne à la seule opposition, qui serait de surcroît incohérente, de François Baroin. Mais le maire LR de Troyes n’est pas le seul à s'insurger contre ce décret gouvernemental. "Ça signifie que des projets qui auraient pu être soutenus en investissements portés par les collectivités ne le seront pas pour au moins un sur dix, par rapport à ce qui était prévu", note Olivier Dussopt, président de l'Association des petites villes de France (APVF). "On voit bien que certains sujets vont être rendus impossibles" et que c'est un "mauvais coup porté à l'échelon de la proximité", a jugé le chef de file des députés socialistes Olivier Faure.
De son côté, qualifiant cette baisse de "très mauvais signal", la sénatrice centriste Nathalie Goulet a appelé "tous les élus des territoires ruraux" à "engager ensemble un bras de fer pour éviter que nos territoires plus fragiles subissent la double peine en étant encore asséchés financièrement".
L’association des maires de France a dénoncé l'annulation sans concertation préalable de 300 millions d'euros de crédits aux collectivités locales pour 2017 et demandé des clarifications au gouvernement. "Si l'AMF partage l'objectif de réduction du déficit public, elle déplore l'utilisation des collectivités locales comme variable d'ajustement budgétaire dès lors que l'Etat ne dispose plus de recettes suffisantes pour financer ses propres dépenses", écrit François Baroin. L'AMF, assure-t-il, "ne peut accepter que soient remis en cause des projets d'investissements publics dont le bloc communal porte plus de 60%, et demande des clarifications et des garanties" quant au financement des dotations indispensables à leur réalisation.