VACANCES, ON OUBLIE TOUT - Mercredi 9 août. C'est la date à laquelle le projet de loi organique sur la "confiance dans la vie publique" doit être définitivement adopté par les députés. Et les plus perspicaces d'entre vous l'auront noté : cela tombe en pleine période de vacances estivales, déjà bien amputée par l'intense session extraordinaire en cours au palais Bourbon. Alors certains parlementaires ont décidé que cela suffisait.
Ils seront donc nombreux à ne pas venir en séance pour ce vote solennel, qui aurait déjà dû avoir lieu mais a été repoussé d'une semaine pour cause de désaccord entre l'Assemblée et le Sénat, sur la suppression de la réserve parlementaire notamment. Le président (LR) de la commission des Finances Éric Woerth, par exemple, dit sans problème au Parisien ce lundi 7 août qu'il ne faudra pas compter sur lui cette semaine :
"J'ai déjà dit tout ce que j'avais à dire sur cette loi. Franchement, je ne vois pas l'intérêt de revenir mercredi pour la voter.
"
Au diable les *petites nécéssités* de la procédure parlementaire, alors qu'il a par ailleurs des projets de "randonnées en montagne", comme le précise Le Parisien. Pour mémoire, Éric Woerth n'avait pris part à aucun des votes sur les textes moralisation (projet de loi ordinaire et projet de loi organique), le 29 juillet.
Mais l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy est loin d'être seul dans ce cas. Jean-Christophe Lagarde (UDI), pourtant figure des Constructifs mais déjà très critique envers l'exécutif et ces lois moralisation, sera lui aussi aux abonnés absents. Il explique au quotidien que l'adoption de ce texte ("bidon" au passage, selon lui) aurait parfaitement "pu attendre la rentrée" :
"Si le vote a été décalé, c'est à cause d'un cafouillage de La République en Marche ! On aurait pu attendre la rentrée pour le voter, mais non, le gouvernement veut faire une opération de com' avec ce texte bidon en plein mois d'août.
"
Jean-Christophe Lagarde non plus n'avait pas participé au vote des deux projets de loi le 29 juillet, les jugeant "ridicules" quelques jours plus tard. Du côté de La France Insoumise, Clémentine Autain assure que les quatre absents à prévoir mercredi auront pris soin de laisser leurs procurations à leurs collègues, mais déplore elle aussi ce calendrier : "L'exécutif a des méthodes autoritaires. Il aurait pu arrêter la session comme prévu et la redémarrer plus tôt. Cette décision n'est pas respectueuse de la vie des autres."
Auprès d'Europe 1 la semaine passée, l'élu LR des Bouches-du-Rhône Guy Teissier prévenait déjà qu'il ne voulait pas sacrifier ses vacances en famille, non sans une bonne touche humoristique : "Ma famille est aussi respectable que ceux que j’ai à défendre ici. Et comme je crois à la famille et que je défends la famille dans mes idées politiques, il faut que je respecte mes idées, y compris pour moi-même." Même chose pour le président du groupe Nouvelle Gauche (PS) Olivier Faure, qui avançait :
"J’ai aussi cinq enfants qui ont envie de partir, une femme qui a envie de partir aussi. Ça fait très longtemps qu’on avait sanctuarisé cette période-là, quinze jours dans l’année. Je ne peux quand même pas leur faire ça.
"
Dans tous les groupes parlementaires, des départs en vacances ont déjà eu lieu. Et notamment du côté de la majorité, ce qui pourrait s'avérer problématique pour l'adoption d'un projet de loi (organique, donc) qui nécessite la majorité absolue, soit 289 votes minimum... Mais Gilles Le Gendre, vice-président du groupe LREM, se veut rassurant auprès du Parisien :
"On s'est assurés que tous ceux qui ne seraient pas là laisseraient bien leur délégation. Nous n'avons aucune inquiétude.
"
On ne sait en revanche pas ce que Jean Lassalle, manifestement très occupé dans son Béarn natal, a l'intention de faire cette semaine.
Les vacances battent leur plein. pic.twitter.com/aFvT44UHdm
— Jean Lassalle (@jeanlassalle) 4 août 2017
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