Pourquoi Hollande a zappé le dossier syrien lors d'un discours en Algérie

Publié à 15h43, le 26 décembre 2012 , Modifié à 19h14, le 26 décembre 2012

Pourquoi Hollande a zappé le dossier syrien lors d'un discours en Algérie
A Tlemcen, le 20 décembre (photo Reuters)

Ce 26 décembre, le Canard Enchaîné raconte comment François Hollande a voulu "éviter d'énerver" Abdelaziz Bouteflika lors de son discours devant les parlementaires algériens une semaine plus tôt ... en trappant une petite partie de son allocution.

Que s'est-il passé ? Ce 19 décembre, le président français est venu acter la nouvelle relation "d'amitié et de coopération entre la France et l'Algérie" lors d'un déplacement de deux jours durant lequel il fera un discours remarqué, reconnaissant les "souffrances que la colonisation française a infligé au peuple algérien".

Mais d'autres sujets sont au coeur de ce déplacement comme la crise au Nord-Mali ou le conflit israélo-palestinien. Et puis il y a la situation en Syrie pour laquelle France et Algérie n'adoptent pas la même position. Alors que la Paris a reconnu la coalition nationale de l'opposition comme représentante légitime du peuple syrien, ce n'est pas le cas d'Alger.

Le 19 décembre, interrogé par une journaliste algérienne sur ce point de divergence, lors d'un point presse suivant un discours devant la communauté française, François Hollande le reconnait bien volontiers :

Il y a une différence, et je la respecte, mais nous nous avons considéré qu’il fallait, dès lors que nous souhaitions une transition, qu’il y ait bien un interlocuteur légitimequi représente la Syrie demain, c’est le choix que nous avons fait.

Dès le lendemain, devant les deux chambres réunies du Parlement algérien, plus question de parler de la Syrie. Le Monde souligne qu'il en était pourtant question dans le discours initial.

Le quotidien écrit : 

Alors que l'évocation de la crise syrienne figurait dans la version écrite distribuée aux journalistespendant qu'il était à la tribune, le président français a fait l'impasse sur ce dossier à propos duquel les avis de la France et de l'Algérie divergent. 

Ce 26 décembre, le Canard Enchaîné affirme que les deux phrases effacées du discours de François Hollande sont les suivantes :

Nous avons participé (avec les Algériens) à la réunion récente des Amis du peuple syrien.

Notresolidarité est essentielleà cet instant critique où le régime de Bachar El Assad fait la guerre à son propre peuple, et où nous devons aider les Syriens à trouver la voie de la liberté.

Et l'hebdomadaire avance une explication à cette suppression de dernière minute. Claude Angeli, ancien rédacteur en chef du Canard Enchaîné, cite des membres de la "suite française".

Selon eux, lors d'un tête à tête quelques heures avant le discours de François Hollande, Abdelaziz Bouteflika a glissé une remarque au président français.

En substance : son positionnement en Syrie n'est pas cohérent avec celui au Nord-Mali. 

La France [soutient] les insurgés syriens, parmi lesquels des mouvements djihadistes, alors qu'elle veut combattre d'autres djihadistes au Nord-Mali. 

Selon le Canard Enchaîné, c'est bien ce "message" qui aurait fait changer d'avis François Hollande : plus d'allusion à la Syrie dans son discours.

Ce n'est pas la première fois que de courts morceaux d'allocution passent ainsi à la trappe avant leur énoncé.

Le 2 décembre, Canal Plus révélait comment le chef de l'Etat avait manié et remanié son discours de la conférence des Ambassadeurs du 26 août. Conférence au cours de laquelle il avait reconnu à la Palestine le statut d'"Etat non membre observateur à l'Onu".

Des mots qui auraient pu être bien différents sans une modification de dernière minute [>> lire notre article à ce sujet]

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