Pourquoi l'UMP peut se réjouir de la Bastille

Publié à 06h13, le 20 mars 2012 , Modifié à 06h18, le 20 mars 2012

Pourquoi l'UMP peut se réjouir de la Bastille
Le succès de la manifestation du Front de gauche le 18 mars dernier nuit à Hollande et ouvre le champ libre à droite pour séduire les électeurs centristes (MaxPPP)

Notre blogueur Romain Pigenel voit dans le succès de Jean-Luc Mélenchon à la Bastille dimanche 18 mars un atout pour la campagne de Nicolas Sarkozy

  1. Opération séduction au centre pour l'UMP

    La réussite du meeting-manifestation du Front de Gauche à la Bastille est un fait politique à prendre en compte dans cette phase finale de la campagne électorale. On ne peut pas dire qu’il surprend totalement les observateurs attentifs de cette dernière : la dynamique de la candidature Mélenchon, attestée à la fois par ses meetings et ses sondages, et l’envie bouillonnante à gauche d’en finir avec un mandat Sarkozy qui n’en finit plus d’abîmer le pays, rendaient prévisible le succès d’un grand événement populaire à quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle. Mais entre le probable et le factuel, il y a toujours un pas et le Front de Gauche l’a gaillardement franchi dimanche, avec le succès que l’on sait.
    Un tel événement met toujours un peu de temps à « infuser » dans l’opinion, et les prochains jours permettront de vérifier ses effets. Mais on peut d’ores et déjà conjecturer que c’est un temps de campagne dont l’UMP va se saisir et se réjouir, comme Jean-Pierre Raffarin a déjà commencé à le faire, d’ailleurs.
    Premièrement, parce que ce meeting à ciel ouvert donne à Jean-Luc Mélenchon le matériau médiatique lui permettant de faire enfin exister sa campagne au-delà du cercle des convaincus. Il tient des images de foule impressionnantes, ailleurs que dans l’enceinte fermée et habituelle d’un meeting. Elles disent aux téléspectateurs que la candidature Mélechon ne se limite pas à la seule personne du tribun écumant les plateaux télévisés. Du coup, François Hollande est tout d’un coup moins seul à gauche, au moment où Nicolas Sarkozy fait au contraire le vide dans son propre camp.
    Deuxièmement, parce qu’on ne peut pas exclure l’hypothèse de vases communicants entre les candidatures Hollande et Mélenchon, la seconde progressant en partie aux dépens de la première. Je subodore que plus d’un marcheur présent à la Bastille était à cheval entre les deux candidats, avec un choix pas encore totalement déterminé. Dans cette perspective, ce qui fait monter Mélenchon peut faire baisser Hollande. Or on sait toute l’importance prêtée par Nicolas Sarkozy au « croisement des courbes » avec François Hollande, c’est-à-dire à la possibilité de passer devant lui au premier tour – événement censé, dans la mythologie sarkozyste actuelle, ouvrir la voie d’un retournement du second tour.
    Troisièmement, parce qu’un Front de Gauche au score important contraint, dans l’entre-deux-tours et même avant, le Parti socialiste à se déporter sur la gauche, à « durcir » son projet et son discours. Ce qui complique d’autant la « chasse » aux électeurs du centre, nécessaires pour remporter l’élection. Gageons qu’à l’inverse, le prochain mouvement de Nicolas Sarkozy – une fois l’électorat de droite dure consolidé – sera de se recentrer, et de tenter de convaincre ces Français du centre, délaissés par un PS penchant sur sa gauche …
    Ce scénario est loin d’être écrit, n’en déplaise à Buisson et consorts. Mais la journée de dimanche a contribué à le faire entrer un peu plus dans le domaine de l’envisageable.
     

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