"Appel du pied aux électeurs FN", "opération séduction envers les électeurs FN", "reconquête des électeurs FN"... les formules ne manquent pas pour traduire le message envoyé par Nicolas Sarkozy dans Valeurs actuelles le 6 août à ceux tentés par l'extrême droite. Ce message, il l'envoie donc à la droite de la droite. Mais pourquoi eux ? Pourquoi cette stratégie et non celle qui consisterait à viser le centre ? C'est Le Figaro de ce 7 août qui livre quelques explications en citant du Sarkozy "en privé". Soit un décryptage de Sarkozy par Sarkozy.
Car si Nicolas Sarkozy cible cette droite, ce n'est pas uniquement en vue de 2017. Il souhaite la mobiliser dès la primaire ouverte de 2016 et considère que ses concurrents comme Alain Juppé font une erreur en jouant au centre. En privé, donc, voici ce que peut expliquer le patron de Les Républicains :
"Aujourd'hui, tout le monde se précipite sur les centristes ! Tout le monde, comme un troupeau de moutons. Alors que cela ressemble beaucoup à une poutre fixée sur rien.
Et si c'était les électeurs qui nous avaient quittés pour le FN qui feront la primaire ? Il y en a plus, beaucoup plus sur ce segment-là que sur un autre.
"
Ces électeurs partis pour le FN, il a d'ailleurs pris l'habitude de les symboliser par l'image de Madeleine , cette ancienne sarkozyste passée du côté de Marine Le Pen. Il ne cesse donc de répéter vouloir "convaincre toutes les Madeleine de France".
Toujours en privé, et toujours cité par Le Figaro de ce vendredi, Nicolas Sarkozy poursuit le décryptage de sa stratégie envers un "électorat plus épicé" et "plus mobilisé" que celui du centre. Surtout, un électorat qui serait prêt à tout pour ne pas voir gagner la gauche :
"Certains ont l'impression que tout le centre va venir en masse mais ce serait oublier qu'il y a presque un quart de l'électorat qui est parti sur la droite et qui pourrait venir aussi. Ne pas les prendre en compte est une absurdité au regard de l'aspect militant de cet électorat plus épicé.
C'est une erreur d'analyse complète par rapport au spectre électoral de ne considérer que l'ouverture au centre - l'électorat le moins mobilisé - et de négliger l'autre partie de l'électorat, qui est le plus mobilisé et ne veut en aucun cas de la gauche.
"
Ce qui explique pourquoi, dans Valeurs actuelles, le patron de Les Républicains a insisté sur ce point : "Voter Front national au premier tour, c'est faire gagner la gauche au second."