Présidentielle : un second tour Bayrou/Le Pen ?

Publié à 14h26, le 16 décembre 2011 , Modifié à 19h53, le 16 décembre 2011

Présidentielle : un second tour Bayrou/Le Pen ?
François Bayrou, le 10 mai et Marine Le Pen, le 8 décembre, à Paris. (Reuters)

Pour notre blogueur Aurelien Veron, le constat de ce début de campagne est clair : l'UMP est au bout du rouleau, le PS a enclenché la spirale de la défaite et les deux favoris du scrutin, François Hollande et Nicolas Sarkozy, doivent faire face à la concurrence de François Bayrou et Marine Le Pen. De là à imaginer cet improbable duo en finale le 6 mai prochain ? Pas si fou que ça...

  1. Pourquoi l'UMP et le PS vont être éliminés

    Ca vous fait rire ? Pas moi, je suis tout ce qu’il y a de plus sérieux. Je mets de côté le scénario d’un embrasement judiciaire de la Sarkozye. Dans l’affaire du Karachigate, la Justice devrait prendre du temps à carboniser un à un les intermédiaires jusqu’au directeur de campagne de Balladur en 1995. Je pense plutôt au résultat d'une confrontation de personnes et de projets.

    L’UMP est au bout du rouleau après être restée au pouvoir 10 ans. Le résultat est consternant. Sarkozy est arrivé pour la rupture, mais de quelle rupture parlons-nous ? Le bilan de Nicolas Sarkozy ces dernières années, c’est surtout 35 nouveaux impôts, un sentiment d’injustice et d’insécurité, et une explosion de la dette. L'agitation frénétique du président ne parfois qu'agraver la situation par la multiplication de mesures opportunistes, hélas contreproductives et incohérentes. Le candidat permanent risque de payer l’absence de réforme de fond de notre modèle social par un score bas au premier tour (s'il n'a pas abandonné la course plus tôt). Ce n’est pas un hasard si l’une des seules bonnes âmes qui mettent du coeur à l’ouvrage dans la défense publique du président, c’est Nadine Morano. Les autres préfèrent se faire oublier.

    Le PS, lui, est en pleine spirale de la défaite. Il élève la technique de l'échec au rang d'art. Arnaud Montebourg, c'est un feu d’artifice permanent de scandales. Mieux que Ségolène Royal. Même s'il a raison sur le fond, son coup de balai en fanfare, en plein lancement de la campagne de François Hollande, offre une admirable illustration de ce qu'il ne faut pas faire. On entend davantage la gifle de Jack Lang et les insultes croisées que le candidat lui-même. Vu comme c’est parti, les chances de voir Hollande au second tour sont aussi fortes que celles de vendre un rafale hors de nos frontières.

    En revanche, Marine le Pen fait une bonne campagne sur le thème de l’Europe et de l’euro, si on partage son europhobie. Elle a transformé le FN en parti presque honorable en s’éloignant des thèmes de son père et en capitalisant sur les peurs de l’Europe, de la mondialisation et du capitalisme. Elle rassemble dorénavant le public de Besancenot, de Mélenchon et de Benoît Hamon au PS. Incontournable, sereine, peu de faux pas, elle consolide régulièrement ses scores dans les sondages non pas en tant que bateleur comme son père, mais en tant que personnalité ministrable, voire un jour présidentiable. Résultat : les Français n’ont plus honte d’avouer voter Marine en 2012. Eh non. Le danger devient bien réel car elle sait exploiter à son profit les discours populistes de tous les horizons politiques.

    Dans la même ligne anti-système revendiquée, François Bayrou est le candidat vraiment « propre ». Le "bouseux" (autoproclamé tel) élégant. Il a beau avoir été ministre par le passé, il joue la hauteur et l’union nationale depuis 5 ans, droit dans ses botte. Il oppose au slogan « acheter français » de Marine celui du « produire français » plus axé sur notre compétitivité. Il affirme ses convictions d’Européen favorable à la mondialisation avec une pointe de nostalgie pour le modèle social français en voie d’implosion. Il est le premier à évoquer une baisse de la dépense publique, et le montant de 50 milliards d’euros est un premier seuil plutôt ambitieux (il ne devrait pas suffire). Bref, Bayrou renoue avec la tradition libérale et chrétienne démocrate de l’UDF historique.

    Le 22 avril au soir, je parie donc que nous retrouverons ces deux figures pour un face à face au second tour autour de deux projets aussi diamétralement opposés que leurs personnalités respectives. Un tel duo en tête forcera les électeurs à choisir leur vision de l’union nationale pour les années à venir. Nationaliste et protectionniste, ou européenne et réformatrice. Extrême gauche et extrême droite réunies, ou centre droit et centre gauche autour de valeurs libérales. Alors, on parie ?

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