L’artiste pluri-facettes continue d’étonner. Après avoir chanté en slip sur la plage, avoir joué dans Louise Michel et avoir tenu un journal graphique, Katerine fait désormais de la politique. Pas d’engagement partisan mais un livre graphique où il met en scène des personnalités politiques. Surprenant et poétique.
"Je suis la campagne comme une série télévisée"
Quel regard portez-vous sur la campagne ?
Je la suis. Ca ne me passionne pas mais j’aime ça quand même. Je suis la campagne comme une série télévisée, avec ses chapitres, ses rebondissements. C’est avant tout, hélas, du spectacle. Mais je ne regarde pas tous les épisodes.
Avez-vous entendu "Et Je re-Mélenchon", ce détournement de votre chanson Louxor reprise par des soutiens de Jean-Luc Mélenchon ? Qu’en pensez-vous ?
Je suis honoré. Quand on reprend une de vos chansons, c’est toujours un honneur. En plus elle est détournée, c’est très amusant. J’aurai été pas mal emmerdé si ça avait été un autre candidat. Celui-là me semblait le moins pire. Si Marine Le Pen l’avait utilisé ça aurait été catastrophique pour mon orgueil !
Ca veut dire que vous êtes plutôt Mélenchon ?
Je ne suis pas fou de l’idéologie de laquelle il s’inspire, en tout cas de ce que cela a produit, mais c’est le moins pire. Il a l’air droit, ne dit pas que des bêtises. C’est un tribun plus convaincant que les autres.
Et vous votez ?
Non. Je me suis inscrit, … mais je n’arrive pas à franchir le cap. Je me sentirai coupable et frustré. Quand le vase débordera, peut-être que je passerai à l’acte. Il faudra que j’ai moins d’orgueil aussi. Peut-être le jour où j’aurai moins peur de me trahir ou de me tromper.
Quelle est votre motivation à l’heure de faire cet ouvrage ?
J’ai deux grandes mamelles : la culpabilité et la frustration. Ce livre, c’est la culpabilité de se sentir traître à soi même. Des choses dans les actes de tous les jours qu’on aurait dû dire et qu’on ne dit pas. C’est pour purger tout ça. Et ça soulage énormement. Ca permet d’aller ailleurs, dans un autre imaginaire.
Et la politique, ce sont plus de rêves ou des cauchemars ?
C’est toujours passionnant. Je ne suis pas un spécialiste. Tout homme sur terre est politique. Moi je m’y intéresse de manière abstraite. Je m'intéresse surtout aux visages, aux intonations, aux sons de la voix, qui m’irritent ou me bercent.
On sent de la tendresse dans vos dessins, de la naïveté …
Les personnages sont placés dans un moment de béatitude, ils sont un peu perdus. On les voit rarement dans cet état. Ils sont souvent sous contrôle. Dans mon esprit, ils sont apparus dans ces situations, un peu abandonnés.
Pourquoi avoir voulu mettre en scène des politiques ?
C’est toujours lié à une histoire, probablement la mienne. C’est lié à ce que je fais, à ma musique. Il se trouve que j’ai reçu un diplôme de l’Etat : Chevalier des arts et des lettres. Cela a été le déclic : le livre et l’exposition sont une réaction personnelle. Je me suis débattu par rapport à ça. C’est pour ça que les politiques sont très présents. Ce qui est intéressant c’est que je mets leur enveloppe de politique au second rang. Ils perdent un peu de leur identité.
Vous pourriez mettre les politiques en musique ?
Pourquoi pas. J’ai déjà fait une chanson où j’étais poursuivi par Marine Le Pen. Rien n’est exclu. Mais si je fais autre chose que de la musique c’est pour recharger les batteries aussi.
Pourquoi est-ce que vous ne dessinez pas les gens de gauche ?
Ils véhiculent une émotion, je trouve. Les gens de droite moins. Ce qui est plus intéressant pour moi. J’avais davantage envie de les faire apparaître sous un nouveau jour. J’ai essayé Hollande ou Royal, mais quelque chose ne marchait pas. Les gens de droite sont plus sous contrôle, j’avais envie de les sortir de cette situation-là.
Pourquoi est-ce que les politiques vous fascinent mais semblent vous ennuyer ?
La prise de pouvoir fait qu’ils se comportent comme des commerçants, avec une clientèle. Ce qui créé des malentendus et du cynisme. Les stratégies, les panels d’individus, j’imagine que cela les fatigue aussi.
Comme un ananas
Sur denoel.fr
Après Philippe Katerine le chanteur, l’acteur, voici donc l’artiste plasticien. Le fantasque artiste publie Comme un ananas, un livre graphique qui met en scène des acteurs de la vie publique.
Dans cet ouvrage publié aux éditions Denoël, Philippe Katerine présente des diptyques politiques, sous forme d’avant/après. Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Rachida Dati, et bien d’autres passent entre les crayons du chanteur de Louxor.
Que des personnalités de droite, et l’auteur s’en explique dans l’ouvrage. “Pourquoi pas des gens de gauche ? J’ai essayé, mais je n’ai pas aimé les dessiner, bizarrement ils m’intéressent moins …” écrit-il dans un jeu de questions/réponses avec lui même.
Ce livre est celui d’une d’une exposition loufoque présentée à la galerie des Galeries Lafayette, à Paris. Roselyne Bachelot chez le tatoueur, Marine Le Pen en pyjama et Nicolas Sarkozy en balayeur, sous le trait doux et candide de Philippe Katerine. Et tous finissent par disparaître.
Autour de cette série, des post-it, des commentaires personnels, des dessins de quartiers parisiens … le tout pour finalement faire quelque chose qui ressemble à un livre graphique mais qui est un objet délirant politique et créatif, pas tout à fait identifié. Déconcertant.
Quand Louxor-J'adore devient Je re-Mélenchon
Sur lelab.europe1.fr
Les militants du Front de Gauche ont décidemment la fibre artistique. Vendredi 16 mars, l'un d'entre eux a publié sur Youtube une chanson parodique appelant à voter pour Jean-Luc Mélenchon.
Je re-Mélenchon reprend Louxor-J'adore de Philippe Katerine, et cartonne.
Interrogé par Le Lab, le manager de Katerine, Alan Gac, estime que cette parodie "est plutôt ludique et sympathique".
A lire ici sur Le Lab.