Qui représente le centre gauche en France ?

Publié à 17h47, le 16 janvier 2012 , Modifié à 19h15, le 16 janvier 2012

Qui représente le centre gauche en France ?
L'Assemblée nationale (Maxppp)

TRIBUNE LIBRE. Courant de pensée historique en France, le centre gauche peine à exister aujourd’hui et à peser dans la campagne électorale qui s’ouvre. Que représente-t-il fondamentalement et qui peut le mieux l’incarner ? Les réponses de Laurent Chapuis, agrégé de philosophie.

  1. Le centre gauche aujourd'hui

    "Le centre gauche n’existe pas en France. Il existe au Parlement européen (ELDR, associé au PDE centriste, diffèrent du PSE). Le PRG n’est pas représentatif de ce courant : par sa proximité et son alliance quasi-automatique avec le PS, la participation aux structures institutionnelles du PS. Avec de 7 à 10 députés, et 11 sénateurs, il n'a pas de groupe autonome au Parlement. Le fait que les motions majoritaires du PS ne soient jamais explicitement libérales, de ce libéralisme culturel, politique et économique progressiste, laisse un espace. Le PS fait depuis longtemps, grâce à ses "motions internes", le grand écart entre des traditions de pensées parfois trotskystes, socialistes non marxiste ou libérales. Dominique Strauss-Kahn incarnait le libéralisme social. Le vide laissé, que François Hollande semble vouloir reprendre, demeure.

    Schématiquement, ce courant d’opinion centre gauche est structuré par les propositions suivantes. Le fait social détermine l’individu, mais l’individu possède une capacité délibérative. La création de valeur ajoutée résulte des structures institutionnelles publiques (juridiques et sociales), mises à la disposition du secteur privé. Le partage de la valeur ajoutée doit être égal entre le capital et le travail. Une entreprise est un bien social, pas un objet de jouissance personnel. Si une inégalité de revenu profite à tous, elle est acceptée. La répartition du capital ressort des décisions individuelles des entrepreneurs. Seuls les intérêts stratégiques peuvent justifier que l'Etat intervienne dans la répartition du capital. Le secteur de la finance étant créateur de valeur ajoutée, il convient de l’encadrer pour éviter la destruction de valeur. L’État n’a pas à définir ce qui est bien, mais ce qui est légal. Il doit garantir l’égalité des chances, et la réalisation du projet de vie à long terme des individus, si celui-ci est compatible avec la Constitution. La République est pluraliste, démocratique, redistributive. Elle réduit les inégalités sociales pour donner à chacun l’éducation la plus élevée et l’accès aux œuvres de l’esprit. Le mérite individuel est déterminé. Le travail n’est pas qu’une notion économique de subordination, mais un idéal d’estime, d’expression et de transformation. Libéralisme social ou socialisme libéral ? Ce courant tient le fait social pour un fait élémentaire, mais la liberté comme un droit fondamental. D’où un recours modéré à l’État.

    Il n’y a que trois scénarios possibles au centre-gauche :

    - le PS le représente ;

    - il est représenté par une formation, apte à gouverner, autonome et indépendante ;

    - le centre le représente.

    Le PS n’assume pas la synthèse entre un socialisme libéral et un socialisme marxiste, parce qu’elle n’existe pas. Les marxistes refusent la "sociale démocratie". Le Front de gauche pousse le PS vers le centre gauche. Le PS, moins par sa direction, libérale, que par ses militants, anti-libéraux, est en réalité scindé. Le PRG ne parvient pas à occuper cet espace autrement qu’en réalisant une alliance avec le PS, qui à revers, le prive de lisibilité. Le centre, sortant d’une routine d’alliance à droite, n’a pas de tradition sur sa gauche, et possède des difficultés à s’adresser aux électeurs de gauche. Quelques parcours individuels au MoDem tempèrent ce phénomène. La majorité appelée par le MoDem est "une majorité centrale", mais les électeurs de gauche libéraux, restent perplexes.

    Les dirigeants du PS sont libéraux. D’où le départ de Jean-Luc Mélenchon. La conquête des pouvoirs fait ciment. Le PS se scindera-t-il en deux sur ce clivage ? Non, tant qu’il arrivera, grâce à des personnalités de talent et une lacune idéologique, à faire synthèse. Et donc, en revers, tant qu’aucune autre organisation ne proposera à ce courant d’opinion majeur le socle théorique et institutionnel qu’il mérite."

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