François Hollande a déclaré samedi soir qu'il demandera, s'il est élu président, la suppression du mot "race" de la Constitution.
Alain Juppé a jugé dimanche sur Europe 1 que cette proposition était "une mauvaise réponse à un vrai problème".
De façon plus générale, le ministre des Affaires étrangères a dénoncé "le terrorisme intellectuel" de l'époque, avant de défendre l'utilisation du terme "épuration" par le président-candidat.
"Il n'y a qu'une race"
La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion.
C'est l'article 1 de la Constitution que François Hollande a anoncé samedi soir vouloir modifier, en supprimant le terme "race" :
Il n'y a pas de place dans la République pour la race. Et c'est pourquoi je demanderai au lendemain de la présidentielle au Parlement de supprimer le mot race de notre Constitution
Alain Juppé, invité du Grand Rendez-Vous Europe 1/Le Parisien/i>Télé dimanche matin, a jugé que cette position était "une mauvaise réponse à un vrai problème". "Il s'agit de lutter contre le racisme. On va supprimer une disposition qui est antiraciste? Et je vous rappelle qu'elle figure dans la déclaration universelle des Droits de l'homme et du citoyen", a-t-il ajouté.
Ultime tacle du ministre des Affaires étrangères pour le camp socialiste : "Faute d'agir, on change les mots".
Sur le plateau de Dimanche Plus, Manuel Valls admet "bien évidemment" que l'article de la Constitution est fait pour lutter contre le racisme, mais :
Ces dernières années, ce mot a pris une toute autre connotation. Il n'y a qu'une seule race : la race humaine. C'est la revendication d'élus, notamment de l'outre-mer, de la Licra, et de personnalités telles que Lilian Thuram. Ca veut bien dire qu'au fond d'eux-mêmes, ils ont le sentiment que ce terme est profondément blessant
Répondant à Alain Juppé qui rappelait que la notion de race était aussi présente dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, il explique :
On s'occupe de notre propre constitution d'abord. Il y a des mots qui ont une portée symbolique puissante. (...) Le discours de François Hollande hier résonnait, en termes de respect, de dignité, de générosité, comme précisément le contraire de ce qui a pu être dit par Nicolas Sarkozy il y a quelques années à Dakar
Un "terrorisme intellectuel" selon Juppé
Sur europe1.fr
Dans son intervention au Grand Rendez-Vous, Alain Juppé a dénoncé "le terrorisme intellectuel" de l'époque, avant de défendre l'utilisation du terme "épuration" par le président-candidat.
Virer les ambassadeurs et les hauts fonctionnaires trop proches du pouvoir […], quelles que soient les connotations historiques, cela s'appelle de l'épuration.
Nicolas Sarkozy avait lancé, en marge de son déplacement difficile à Bayonne, que François Hollande ayant "annoncé l'épuration, forcément ça échauffe les esprits des gens de la base". Une déclaration qui avait suscité des réactions, notamment de François Hollande et du grand rabbin de France.