DÉJÀ-VU - C'est l'histoire d'une gardienne d'immeuble que Rachida Dati aurait aimé pouvoir inclure sur sa liste lors des municipales de 2014. Une histoire que la maire du 7e arrondissement parisien affectionne particulièrement puisque le Lab a déjà pu l'entendre la raconter à deux reprises en un mois. En réponse à deux questions pourtant différentes.
Invitée de RTL ce 2 avril, Rachida Dati a ainsi dû réagir à des propos d'Arnaud Montebourg dénonçant une classe politique devenue "une bourgeoisie d'Etat coupée du peuple ". Elle est tout à fait d'accord. D'ailleurs, à ce propos, elle aimerait "débattre du statut de l'élu", et livre cette anecdote :
"Je vais vous donner un exemple Monsieur Aphatie. Quand j’ai voulu faire ma liste pour les élections municipales dans 7e arrondissement de Paris, j’ai souhaité mettre une gardienne sur ma liste. (…) Elle voulait le faire, en plus c'est une femme très bien qui est une vigie pour le 7e arrondissement (...).
Pourquoi elle n'a pas pu ? Elle doit travailler, et si elle travaille elle ne peut pas être aux réunions, faire campagne. A un moment donné il faudra poser la question du statut de l’élu sinon ce sera toujours les mêmes qui font de la politique, enfin les privilégiés qui font de la politique.
"
"Bourgeoisie d'Etat" vs "gardienne qui ne peut pas se présenter", l'anecdote est idéalement casée. Pourtant, ce n'est pas la première fois que Rachida Dati évoque la gardienne de son arrondissement. Le 8 mars dernier déjà, invitée de C politique sur France 5, l'élue est interrogée, non pas sur "une classe politique coupée du peuple" mais, journée des droits des femmes oblige, sur la place des femmes en politique. Et l'interview au départ différente va mener à la même démonstration, avec le même exemple :
"La vie politique c’est normalement le milieu le plus démocratique puisqu’on est élu. (…) Et je trouve que c’est le milieu le moins démocratique qui existe. Je m’explique : lorsque j’ai voulu faire ma liste municipale, j’avais souhaité mettre une gardienne d’immeuble (…) et ce sont de vraies vigies vis-à-vis des habitants. J’ai voulu la mettre en position éligible. (…) C’est elle qui n’a pas pu parce qu’elle a un emploi.
C’est le problème de la compatibilité de l’emploi avec la vie politique. Moi j’ai un agenda qui le permet mais ces femmes-là, elles ne peuvent pas.
Donc quand même la politique, en particulier pour les femmes, reste un milieu de privilégiés, socialement.
"
Ou comment réussir à faire passer le même message - celui du renouvellement de la classe politique et de la compatibilité entre mandat et activité professionnelle - en profitant de deux questions bien différentes.