C'est un revirement qui a été largement souligné dans la presse. Opposé, il y a quelques semaines, à l'instauration de quotas d'accueil de réfugiés par l'Union européenne, François Hollande s'est finalement rallié à ce principe, annonçant jeudi 3 septembre la mise en place d'un "mécanisme permanent et obligatoire" pour répartir les migrants entre les différents pays de l'UE. Mais sans jamais prononcer le mot "quota". Un choix sémantique sur lequel le chef de l'État est revenu, lundi 7 septembre, au cours de la 6ème conférence de presse semestrielle de son quinquennat.
Il a dit :
"Pourquoi j'avais refusé le terme de 'quota' ? Parce qu'il crééait une ambiguïté : il laissait penser qu'une fois distribué, si je puis dire, [le nombre de demandeurs d'asile], il n'y aurait plus rien à faire, alors que le droit d'asile est un droit fondamental. Alors on aurait dit : 'Au-delà d'un certain nombre, vous n'aurez plus le droit de venir et de demander une protection' ? C'était pas la France.
"
À l'époque des premières discussions sur le sujet au sein des institutions européennes, au mois de mai, il y avait "40.000 personnes" concernées, a-t-il poursuivi. Et de détailler le processus décisionnel commun qui avait abouti au refus des quotas :
"Il y a eu un conseil européen à 28 [pays], on y a passé une bonne partie de la nuit, j'ai l'habitude. Les pays disaient : 'On veut bien [accueillir], peut-être, mais c'est à nous de décider'. Soit, c'est ce qui a été décidé. 35.000 seulement ont trouvé une réponse. La France a fait ce qu'elle avait à faire. On ne peut pas en rester là alors qu'il y a plus de réfugiés et que le système du volontariat ne permet pas le résultat attendu. Donc ça sera un mécanisme permanent et obligatoire.
"
À l'époque, Manuel Valls avait expliqué, au sujet des quotas : "Ceci n'a jamais correspondu aux propositions françaises. [...] Il n'est pas question qu'il y ait des quotas d'immigrés. Ce n'est pas la bonne méthode."
Aujourd'hui, François Hollande explique donc s'être rangé à cette idée de "quotas", même s'il ne prononce toujours pas ce mot pour justifier son choix, devant l'échec de la politique européenne de "volontariat". Il a notamment annoncé que dans ce cadre, la France accueillerait 24.000 personnes supplémentaires sur les deux prochaines années.
[Edit 12h45] Cette explication de François Hollande a en tous cas suscité l'ironie de l'opposition et notamment de Danielle Fasquelle, député du Pas-de-Calais et trésorier de Les Républicains :
#migrants quotas répartition... #Hollande joue sur les mots et se trouve face à ses contradictions #politiquecafouilleuse
— Daniel Fasquelle (@DFasquelle) 7 Septembre 2015