Régionales : Valérie Pécresse peine à expliquer à quelles associations "politisées" elle coupera les subventions

Publié à 21h14, le 02 décembre 2015 , Modifié à 22h00, le 02 décembre 2015

Régionales : Valérie Pécresse peine à expliquer à quelles associations "politisées" elle coupera les subventions
Valérie Pécresse © AFP

CAS D'ÉCOLE - C'est un peu l'illustration de la ligne politique que cherche à défendre Valérie Pécresse : un discours bien à droite pour séduire "l'électorat conservateur", sans pour autant rebuter les centristes et la droite modérée. Et cela passe notamment par le fait de donner des gages à La Manif pour Tous, certains de ses représentants étant présents sur ses listes d'union LR-UDI-MoDem pour les régionales en Île-de-France. 

Le sujet du jour : la suppression des subventions aux "associations qui font du lobbying politique", en particulier celles qui font la promotion d'une soi-disant "théorie du genre". Il s'agit d'une promesse de la candidate de la droite pour la région capitale, faite lors d'une réunion organisée par La Manif pour Tous, samedi 28 novembre, à 8 jours du premier tour. L'Inter-LGBT, qui regroupe une soixantaine d'associations, s'est sentie particulièrement visée. L'équipe de la candidate a depuis tenté d'expliquer son propos auprès de L'Express. Elle-même s'y attelle, mercredi 2 décembre sur BFMTV. En dénonçant ce qu'elle considère comme des dérives, sans pour autant citer qui que ce soit en direct à la télé... 

Ce qui donne notamment cet échange avec la journaliste Ruth Elkrief :

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- Ruth Elkrief : À qui vous coupez les subventions ?



- Valérie Pécresse : Mais att... (butte sur ses mots). Je ne veux pas...



- Ruth Elkrief : Lesquelles ?



- Valérie Pécresse : Mais je vais vous dire, je vais vous dire. Je ne veux plus financer les associations qui me demandent de l'argent pour faire de la politique. Et nous avons un certain nombre d'associations qui ne présentent pas des projets concrets.



- Ruth Elkrief : Par exemple ?



- Valérie Pécresse : Qui présentent des projets... Ben par exemple, des associations... Mais je vais pas les nommer, mais je peux vous dire qu'on a subventionné un nombre très important d'associations qui... [elle est interrompue, ndlr].

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Elle promet donc de "dire" quelles associations sont dans son viseur, mais ne veut finalement "pas les nommer". En fin d'interview, elle expliquera: "Je vous donnerai tous les noms quand j'aurai le listing, parce que pour le moment je ne l'ai pas, mais j'ai vu passer un certain nombre de subventions qui me paraissent suspectes." Il faudra donc attendre le listing. Avant dimanche ?

Pour le moment, la candidate se borne à répéter que pour recevoir l'argent de la région si elle en prend la tête, les associations devront présenter des "projets d'intérêt régional". Elle dit notamment, interrogée sur le cas de l'Inter-LGBT : 

 

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S'ils portent un projet d'intérêt régional, de lutte contre l'homophobie par exemple, nous les subventionnerons.

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"C'est ce qu'ils font aujourd'hui", la relance alors la journaliste au sujet de ces associations militant pour les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles. Et là, Valérie Pécresse donne un argument de plus pour, semble-t-il, ne plus subventionner ce collectif associatif :

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Attendez madame Elkrief, ils font ça aujourd'hui, mais enfin, ils ont aussi beaucoup manifesté pour la loi Taubira, ils ont aussi beaucoup fait des tracts...

 

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Après la théorie du genre, c'est donc le mariage pour tous qui poserait problème pour toucher des subventions. Valérie Pécresse martèle : "Je veux qu'on arrête de faire de la politique avec l'argent des Franciliens. Il y a énormément d'associations qui demandent des subventions et qui sont subventionnées sans avoir de vrai projet d'intérêt régional. Qui font de la politique." L'an dernier, il y a selon elle eu "25 millions d'euros donnés à des associations qui n'ont jamais donné de compte-rendu d'activité". Elle souhaite donc "vérifier si ça correspond bien à un vrai travail qui a été effectué, et pas seulement à financer un certain nombre de permanents politiques qui cherchent à défendre un certain nombre de théories politiques."

Il y a vraisemblamement peu de choses, dans ces déclarations, qui rassureront l'Inter-LGBT. Sa porte-parole Amandine Miguel faisait part de son inquiétude à L'Express lundi :

 

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D'un côté, Valérie Pécresse parle de supprimer les subventions aux associations qui font du lobbying politique, et qui feraient la promotion de la 'théorie du genre' ; de l'autre, elle veut lutter contre l'homophobie. C'est très paradoxal. Par ailleurs, toutes les associations qui luttent contre les violences, contre celles faites aux femmes par exemple, font du lobbying et c'est important ! Certes, l'Inter-LGBT n'est pas nommée, mais c'est tout comme ! C'est un flou très dangereux.

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Comme le précisait le site de l'hebdomadaire, son association reçoit chaque année 23.000 euros du conseil régional d'Île-de-France.

Devant LMPT, Valérie Pécresse avait dit :

 

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Je suis pour l'égalité homme-femme, c'est à la racine de mes convictions. L'égalité oui, mais pas l'indifférenciation des sexes [qui est] un projet politique, une idéologie. On ne subventionnera pas la théorie du genre.

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Elle indiquait en revanche vouloir subventionner "les associations qui ont des projets d'intérêts régionaux [comme] la lutte contre les discriminations, l'homophobie, la prévention santé".

Mais pour les détails, les électeurs de la région devront repasser.

[Edit 22h]

Emmanuelle Cosse, tête de liste EELV en Île-de-France et adversaire de Valérie Pécresse, n'a pas tardé à réagir à ces déclarations, estimant que la droite a "du mal avec la liberté d'association". Et d'appeler à voter en conséquence :



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