Sébastien Chenu accuse François de Rugy d’empêcher le FN de créer un groupe à l’Assemblée

Publié à 12h09, le 17 août 2017 , Modifié à 14h56, le 19 août 2017

Sébastien Chenu accuse François de Rugy d’empêcher le FN de créer un groupe à l’Assemblée
Le député FN Sébastien Chenu et le président de l'Assemblée François de Rugy. © DOMINIQUE FAGET / AFP

L’Assemblée nationale compte sept groupes, un record sous la Ve République . Or le Front national, fort de ses huit députés, n’a pas pu en constituer un, malgré les onze millions de voix recueillies au second tour de la présidentielle puis près de trois millions au premier tour des législatives.

La faute au mode de scrutin majoritaire ? Pas forcément, explique Sébastien Chenu ce jeudi 17 août sur France Inter. Le député frontiste reproche au président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, de ne pas modifier les règles en abaissant le seuil nécessaire à la constitution d’un groupe (15 actuellement). Il s’emporte :

 

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On aimerait ne pas être méprisés par le président de l’Assemblée nationale. On a bien compris qu’il ne souhaitait pas qu’on puisse se former en groupe. Pourquoi ? Que redoute-t-il, d’ailleurs ? Que nous, les représentants de millions d’électeurs, ne puissions pas nous former en groupe ? Mais François de Rugy, par exemple, ne nous a pas consultés, pas encore, l’été n’est pas fini, en ce qui concerne les réformes qu’il souhaite faire du travail parlementaire et de la vie à l’Assemblée nationale.

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Au Lab, Sébastien Chenu rappelle que Claude Bartolone, ancien président PS de l’Assemblée, avait abaissé le seuil de 30 à 15 lors de la précédente législature "pour que les communistes et les verts puissent faire des groupes". Chose également faite au Sénat en faveur de la création du groupe des radicaux "mais aussi des non-inscrits" qui disposent eux aussi d’un groupe.

[EDIT 19/08] , François de Rugy raille Sébastien Chenu qui "visiblement connaît mal l’histoire parlementaire". "Lors de la réforme constitutionnelle de 2008, il y a eu une réforme du règlement de l’Assemblée nationale et le seuil a été abaissé de 20 à 15", corrige le président de l'Assemblée, "et auparavant il avait été abaissé de 30 à 20 en 1988 parce que les communistes n’avaient plus assez de députés" pour former un groupe.

Sébastien Chenu poursuit :

 

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Le groupe est une vraie capacité d’expression. D’ailleurs, ça ne concerne pas que nous. Olivier Falorni [ex-PS, non-inscrit, NDLR] a parlé avec François de Rugy [pour constituer un groupe des radicaux]. Ça montre que c’était pas uniquement pour le Front national. Ça aurait été un signal vraiment moderne, audacieux et intelligent. Mais François de Rugy n’a pas donné suite.

 

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Jusqu’ici, les députés FN n’avaient "pas officiellement" sollicité François de Rugy. Car, explique Sébastien Chenu, le président de l’Assemblée "avait déclaré qu’il solliciterait des modifications des groupes de toutes les sensibilités politiques, donc je m’étais dit 'génial', et en fait il a rétropédalé en sollicitant seulement les groupes politiques. Ça montre pas une volonté de faire vivre la démocratie."

"Ce qui me choque, c’est que le MoDem et les communistes ont un groupe alors qu’ils représentent beaucoup moins d’électeurs que nous", déplore Sébastien Chenu.

L’élu frontiste affirme par ailleurs avoir obtenu un "accord verbal" de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) et Jacques Bompard, ou plutôt de sa suppléante Marie-France Lorho (Ligue du Sud), pour siéger dans le même groupe. "Après, la balle est dans notre camp : si on passe le cliquet à dix et qu’on n’arrive pas à constituer un groupe, je ne ferai pas ce reproche" à la majorité, concède-t-il.

Du rab sur le Lab

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