DÉJÀ-VU - C'était il y a neuf ans. Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy s'affrontaient au second tour d'une élection présidentielle dont "l'identité" de la France fut un thème prépondérant. À l'époque, la socialiste vantait l'amour du drapeau tricolore notamment, quand son adversaire UMP défendait "la fierté d’être Français", en y accolant quasi systématiquement la notion d'immigration. Retour de 2007 vers 2016, et il semblerait que du côté de Nicolas Sarkozy en tout cas, tout cela n'ait pas beaucoup bougé. C'est ce qu'affirme aujourd'hui une Ségolène Royal volontiers moqueuse.
La ministre de l'Environnement est invitée d'iTélé jeudi 9 juin, au lendemain d'un grand discours du président-de-LR-et-candidat-à-la-primaire-non-déclaré sur ce thème qui lui est cher de "l'identité nationale". Un événement annoncé comme fondateur de sa campagne à venir. Et cela a laissé un arrière-goût poussiéreux dans la bouche de Ségolène Royal.
Après avoir visionné en plateau un extrait du discours en question consacré à l'islam, elle dit :
"J'ai l'impression que c'est un film du passé, ce qu'on vient de voir. On ne sait même plus dater. On a l'impression d'une répétition de discours sans cesse entendus, qui ont déjà été d'ailleurs sanctionnés par les Français. Cette tension permanente, cette capacité à opposer les gens les uns aux autres... Moi je crois que les Français ne veulent plus de cette stratégie de la tension qui est celle que l'on vient d'entendre.
Je me reconnais pas du tout, je crois que la France ce n'est plus du tout ça. C'est très passé.
"
"Ooooooooold", répond donc "Ségo" à "Sarko", lui faisant au passage remarquer que ce thème de campagne ne lui a pas toujours réussi. En 2007, c'était passé, pas en 2012. L'extrait en question était le suivant :
"Il n'est pas acceptable dans notre pays que l'on veuille interdire aux jeunes filles de porter des pantalons ou des jupes courtes. Il n'est pas acceptable qu'on les injurie au motif qu'elles sont amoureuses de l'homme de leur choix. Il n'est pas acceptable qu'une ministre de la République reste sur un plateau de télévision où un homme refuse de lui serrer la main parce que c'est une femme [une référence à Najat-Vallaud Belkacem, ndlr]. Si vous vivez en France, l'égalité entre les hommes et les femmes vous devez la respecter car telle est notre identité, une identité non-négociable.
"
Ségolène Royal est ensuite interrogée sur le passage marquant du discours de Nicolas Sarkozy la veille, celui où il martèle que la France est un "pays chrétien dans sa culture et dans ses mœurs". Ce qui est "en partie" vrai, commente la ministre, selon qui l'identité du pays est constituée de "nombreuses religions". Mais elle rappelle aussitôt:
"La France est un pays laïc essentiellement, c'est dans la Constitution. La France est un pays laïc, c'est magnifique, ça veut dire le respect de toutes les religions et le respect de ceux qui n'ont pas de religion.
"
Voilà pour le petit cours de laïcité. Elle conclut sur cette "coexistence des religions" en France, mettant en garde contre toute tentative actuelle de "relancer les guerres de religion" :
"[Cela] a fait parfois hélas, dans le passé, au Moyen-Âge, des guerres très violentes. On a mis fin à tout cela, on ne va pas relancer non plus les guerres de religion. Donc là aussi, pourquoi cette stratégie de la tension qui n'est plus du tout la stratégie d'un pays et d'un État moderne comme le nôtre ?
"
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