Dans cette immense vague libératrice de la parole, il devient fréquent de demander aux femmes politiques, collaboratrices ou journalistes si elles ont déjà subi des propos ou comportements machistes de la part de leurs homologues. Il est bien plus rare de poser la question au sexe opposé. C’est ce que fait Caroline Roux à son invité Bruno Retailleau, ce mardi 17 octobre sur France 2. Et la réponse n’est pas décevante. Voici ce que déclare le chef de file des sénateurs Les Républicains :
"- Bruno Retailleau : J’ai pu par exemple, dans un hémicycle, de temps en temps saisir des propos excessifs…
- Journaliste : Vulgaires ?
- Bruno Retailleau : Non pas vulgaires, mais machistes, oui ! Oui ! Mais dire que ça arrive tous les jours ou souvent, non. Non.
"
Députées, sénatrices, ministres et élues seront sans doute ravies d’apprendre, par un homme de surcroît, que le machisme n’est pas fréquent en politique.
Il est tout à fait plausible que Bruno Retailleau n’ait pas entendu lui-même de tels propos. Il semble plus étonnant, en revanche, qu’il ne lise pas la presse. Car qu’aurait-il appris ?
Qu’Anne Hidalgo, dans une interview à Konbini , pas plus tard que vendredi, faisait état sans ambages de machisme "tous les jours, et pas que dans le monde politique : dans le monde médiatique, dans les représentations qu’on fait des femmes. Bien sûr, tous les jours, tous les jours" ;
Que 40 femmes journalistes politiques publiaient en 2015 dans Libération, un manifeste dénonçant le sexisme et le machisme de la part de politiques "issus de toutes les familles politiques sans exception".
Que 17 anciennes ministres confiaient , en pleine affaire Baupin, avoir "eu à subir et à lutter contre le sexisme comme toutes les femmes qui ont accédé à des milieux auparavant exclusivement masculins" ;
Que l’ex-ministre Marisol Touraine racontait s’être vu demander (et c’est vulgaire), par le député Bernard Roman à la buvette de l’Assemblée : "Tu connais la différence entre une minute de sodomie et une minute de fellation ? Tu as deux minutes ?" ;
Qu’un collectif de collaboratrices parlementaires dénonçait , cinq mois plus tard, l’aggravation des agissements sexistes depuis l’affaire Baupin ;
Etc.