CSA M'A TUER - Raquel Garrido raccroche l'une de ses nombreuses casquettes, celle d'oratrice de La France insoumise, afin de conserver celle de chroniqueuse dans l'émission de Thierry Ardisson sur C8. L'avocate le confirme dans Le JDD dimanche 12 novembre, après que plusieurs médias l'ont annoncé vendredi. Mais attention : ce ne sont ni les multiples polémiques l'entourant, ni un certain ras-le-bol de Jean-Luc Mélenchon sur son compte, qui justifient ce retrait de la vie politique. Non, d'après l'ancienne porte-parole du candidat à la présidentielle, il s'agit de la conséquence d'une "exigence" du CSA.
Dans Le JDD, Raquel Garrido affirme que le gendarme de l'audiovisuel l'a forcée à prendre cette décision :
"Le CSA a comptabilisé mes passages à l'antenne en temps de parole France insoumise, ce qui a créé un déséquilibre sur la chaîne. Le CSA m'a placée devant un dilemme. Soit renoncer à mon engagement politique soit être décomptée France insoumise.
[...] Je répète : pour maintenir ma chronique hebdomadaire, il fallait l'ôter du décompte France insoumise. Pour cela, le CSA a exigé un retrait total de mes activités politiques.
"
Un argument déjà avancé dans la presse de manière plus évasive ces derniers jours pour justifier ce retrait de la politique. Contacté par le Lab ce dimanche matin, le CSA n'a pour l'heure pas répondu à nos sollicitations.
Hors période électorale où les règles de répartition du temps de parole politique sont très strictes, le gendarme de l'audiovisuel veille toujours. "Le Conseil veille au respect de l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion dans les services de télévision, en particulier dans les émissions d’information politique et générale", peut-on ainsi lire sur le site du CSA, qui ajoute :
"Il s’agit de veiller à ce que les volumes des temps de parole politique correspondent aux équilibres démocratiques nationaux. [...] Le temps correspondant à une intervention du président de la République qui relève du débat politique est ajouté au temps d’intervention des autres personnalités politiques composant le 'bloc majoritaire' (membres du gouvernement, représentants de la majorité parlementaire et collaborateurs du Président). La règle mise en place prévoit également que l’opposition parlementaire bénéficie d’au moins la moitié de ce temps cumulé.
"
Appliquant ses règles de mesure de la répartition de la parole politique, le CSA aurait donc jugé que la chroniqueuse de Salut les Terriens s'exprimait au nom de son mouvement politique lorsqu'elle prenait la parole sur le plateau de C8. Ce qui ne devrait pas surprendre grand monde, différents cadres de La France insoumise ayant eux-mêmes justifié l'arrivée de Raquel Garrido chez Thierry Ardisson et Bolloré par le fait d'y "défendre [leurs] idées". C'était notamment le cas d'Alexis Corbière, député LFI de Seine-Saint-Denis et compagnon de Raquel Garrido, au mois de juillet sur Europe 1 :
Raquel Garrido sur C8 : "Elle continuera à être elle-même et à avoir la dent dure pour ceux qui profitent" @alexiscorbiere#E1Matinpic.twitter.com/raM3hFKdMH
— Europe 1 (@Europe1) 19 juillet 2017
[Edit 13h10] La députée LFI Clémentine Autain dénonce pourtant des "règles assez hypocrites", considérant qu'Yves Thréard et Laurent Joffrin (éditorialistes du Figaro et de Libération) "portent une voix tout aussi politique que bien des politiques". Ils ne sont toutefois pas porte-parole officiels d'un parti.
Raquel Garrido prend une décision conforme aux règles assez hypocrites du CSA... Threard ou Joffrin portent une voix tout aussi politiques que bien des politiques ! @RaquelGarridoFI continuera de défendra égalité et justice. N'en déplaise à la fachosphėre et à la pensée dominante
— Clémentine Autain (@Clem_Autain) 12 novembre 2017
Plus qu'une "exigence" à laquelle se plier, l'avocate semble donc avoir eu à faire un choix, à savoir : conserver sa chronique à la télévision et entamer le temps de parole de son mouvement dont elle restait l'une des principales figures médiatiques avec un rôle d'"oratrice", ou bien se contenter d'une activité politique plus classique. Et elle a tranché en conscience. "J'ai réfléchi et j'ai fait mon choix", dit ainsi Raquel Garrido au JDD. Et d'ajouter :
"Compte tenu de l'essor du mouvement, je considère que je n'y suis pas indispensable. À la télé, il y a si peu d'Insoumis, tandis qu'à La France insoumise, des 'Raquel', il y en a plein ! Je tourne donc la page sans états d'âme.
"
Elle arrête donc peut-être la politique (elle n'avait de toute façon aucun mandat électif) mais elle n'en reste pas moins "insoumise" pour autant. ¯\_(ツ)_/¯
[BONUS TRACK] Jean-Luc likes this
Tout un chacun est donc prié de croire que Jean-Luc Mélenchon n'est pour rien dans cette clarification. "Il n’en peut plus de devoir passer derrière...", disait pourtant un proche du quatrième homme de la présidentielle dans Paris Match début novembre. Un propos qui confirmait d'autres échos de presse faisant état d'un certain agacement de leader de LFI devant l'accumulation des polémiques autour de Raquel Garrido. Mais il est vrai que le député des Bouches-du-Rhône a sans cesse renouvelé son soutien public à son ancienne porte-parole. "Raquel est et reste mon amie", tweetait-il ainsi pas plus tard que vendredi 10 novembre.
Raquel est et reste mon amie. Elle n'a commis aucune faute. Seuls les journalistes ont cherché à tout pourrir par leurs fausses polémiques. Avec tout mon mépris. https://t.co/tsiHxpUagE
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 10 novembre 2017
Et l'intéressée assure au JDD que le patron n'a aucun souci avec sa présence sur C8, bien au contraire :
"- Le JDD : Jean-Luc Mélenchon vous a-t-il demandé de faire un choix entre politique et télé ?
- Raquel Garrido : Jamais. Jean-Luc Mélenchon apprécie mes passages dans l'émission et il est content que je m'épanouisse. Je l'ai informé de ma décision. Il m'a dit qu'il comprenait.
"
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