THIERRY TROLLÈRE - Est-ce que quelqu'un, à droite, va finir par rendre l'argent un de ces quatre ? Car outre François Fillon qui ne l'a pas fait, d'autres personnalités de LR se trouvent régulièrement sommées de rembourser une somme ou l'autre. La filloniste Florence Portelli, candidate à la présidence de LR, trouve par exemple que les députés Constructifs élus sous étiquette LR devraient "rembourser les 6.000 euros qu'ils avaient perçus pour aller aux législatives". Ce qu'ils n'ont pas fait, eux non plus. Ils ont en revanche une contre-réclamation à formuler.
Thierry Solère, en tout cas, en a une. Invité de Public Sénat vendredi 10 novembre, le député des Hauts-de-Seine, récemment exclu par LR pour avoir cofondé le groupe des Constructifs à l'Assemblée, glisse cette attaque des plus trollesques contre son ancien parti :
"Se faire virer par un parti politique à qui vous avez donné l’argent de votre élection, bah pardon, mais à ce moment-là, qu’ils rendent l’argent qu’ils touchent, Les Républicains, lié à l’élection de moi-même et de Franck Riester [autre LR Constructif, ndlr], parce que c’est un peu facile.
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Comme il le confirme au Lab ce samedi, l'ex-organisateur de la primaire de 2016 fait ici référence au premier des deux financements publics accordés aux partis politiques par la loi française en lien avec les élections législatives : tout parti ayant recueilli plus de 1 % des suffrages exprimés dans au moins 50 circonscriptions touche 1,42 euros par voix et par an (de lourdes pénalités sont cependant infligées à ceux qui ne respectent pas la parité femmes-hommes). Tout en n'ayant pas reçu l'investiture de LR pour cause, déjà, de trop grande bienveillance avec Emmanuel Macron, Thierry Solère s'était alors rattaché au parti de droite, à qui revient donc la somme liée à son élection.
Un autre financement entre également en jeu : chaque député rattaché à un parti lui rapporte environ 37.000 par an. Ce rattachement a lieu tous les ans, et il se trouve que nous sommes dans cette période : les élus ont jusqu'au 30 novembre pour faire connaître leur appartenance administrative à l'une ou l'autre formation politique. Dans le cas de Thierry Solère, ce choix n'est pas encore acté : lui et ses collègues Contructifs travaillent actuellement à la création d'un "nouveau parti de la droite et du centre". Des discussions qui se poursuivent et se passent même "très bien", assure le député des Hauts-de-Seine, malgré les mots très durs de certains centristes ces derniers temps.
Ils ont donc jusqu'à la fin du mois pour entériner le lancement de cette formation politique, s'ils veulent pouvoir la faire bénéficier de leurs financements. Ce qui raccourcit significativement le délai qu'ils s'étaient initialement fixés, à savoir fin décembre. Et si ce nouveau parti ne voit pas le jour, il ne restera vraisemblablement aux anciens de LR qu'un seul choix de rattachement : La République en marche.