Existe-t-il une "cellule Corrèze" proche du président, consacrée au département de François Hollande ? Invitée de RMC ce 24 juillet, Sophie Dessus, qui a succédé à François Hollande dans sa circonscription, le dit franchement : "Il y a une équipe Corrèze à l’Elysée". Avant de préciser: "C’est une équipe qui a aussi pour but d’être proche de tous les élus !"
Le terme est sensible : maire de Paris, Jacques Chirac, avait mis en place une "cellule corrézienne" au cœur de l’affaire des emplois fictifs de la Ville. Les chargés de mission faisaient en sorte que les demandes des Corréziens "arrivent au plus près du président".
"Une équipe Corrèze... mais pour tous les élus !"
Sur RMC
Elle est celle qui succède à François Hollande comme députée de Corrèze: Sophie Dessus est connue pour son franc parlé. Invitée de RMC ce 24 juillet, elle a expliqué son rôle "tampon" entre ses électeurs et l’Elysée, tout particulièrement avec un président issu de leur département :
Soit François Hollande vient nous voir, soit il appelle… Notre rôle est de dire : "Là, attention, c’est difficile." Je discutais encore samedi avec des marchands d’art qui me faisaient part de leurs difficultés… Je dois les revoir et je vais faire remonter.
Si [je ne joins] pas directement le président - qui a quand même pas mal de choses à faire ! - on a des relais et des réseaux.
Après cette description de ses relations facilitées avec la présidence de la République, le journaliste lui demande :
C’est vrai qu’il y a un monsieur Corrèze à l’Elysée ?
Le mot est sensible car Jacques Chirac, lorsqu’il était maire de Paris, avait monté une "cellule corrézienne", "particulièrement généreuse avec les natifs de Tulle ou d’Ussel". La cellule s’est d’ailleurs retrouvée au cœur du scandale des emplois fictifs de la mairie de Paris.
Sophie Dessus ne le cache pas :
Il y a une équipe Corrèze à l’Elysée.
Puis la députée se reprend et précise la fonction paradoxale de ces conseillers :
C’est une équipe Corrèze qui a aussi pour but d’être proche de tous les élus, pas seulement des Corréziens !
Elle signale à tous mes collègues députés qu’ils peuvent aller voir telle personne à tel endroit, qui sera là pour les aider à monter les dossiers.
C’est Bernard Combes, le successeur de François Hollande à la mairie de Tulle, qui chapote cette équipe. Le 25 mai, Médiapart racontait comment l’homme est devenu "conseiller technique chargé des relations avec les élus" après avoir failli s’appeler "conseiller aux affaires corréziennes". Bernard Combes expliquait alors à Mediapart :
Nous avons décidé d’élargir mon rôle. (…)
On ne va faire ni l’Afrique ni la Corrèze de Chirac … Ce serait gênant dans une République que nous voulons irréprochable.
En plus d’être maire de Tulle, Bernard Combes est premier vice-président du conseil général de Corrèze. Il dispose d’un bureau et d’un secrétariat près de l’Elysée, dans l’hôtel Marigny et partage son temps entre son département et Paris.
BONUS :
Lors de la même interview, Sophie Dessus est revenue sur l’attention particulière de Jacques Chirac à son égard. La députée reconnait regulièrement que la drague de l’ancien chef d’Etat, rendue célèbre par le Petit Journal, l’amuse et lui a apporté une certaine "popularité".
Sur RMC ce 24 juillet, le journaliste lui fait remarquer que Bernadette Chirac n’a pas l’air "très contente" de l'attitude de son mari. Sophie Dessus lui répond :
Sur les images elle n’est pas très contente, mais quand on les connait un petit peu dans leur intimité, c’est leur façon d’être à tous les deux.
Je crois que Bernadette, elle en a vu d’autres, la pauvre.