ACTION / RÉACTION - Mercredi 28 octobre, des eurodéputés accusaient Marine Le Pen de fraude lors d'une séance de vote au Parlement européen, à Strasbourg. Parmi eux, Manfred Weber, président du groupe PPE (droite et centre-droit). Ce jeudi, la présidente du FN et du groupe eurosceptique ENL (Europe des Nations et des Libertés) contre-attaque.
Sur Twitter, l'eurodéputée frontiste annonce en effet "porter plainte contre Manfred Weber pour diffamation" :
Totalement innocentée en conférence des présidents au @Europarl_FR, je porte plainte contre @ManfredWeber pour diffamation. MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 29 Octobre 2015
Marine Le Pen affirme par ailleurs avoir été "totalement innocentée en conférence des présidents" de groupes parlementaires, qui se tenait ce jeudi matin. Ce qu'elle avait préalablement lancé dans l'hémicycle au cours de la séance ce jeudi. Le président de séance, toutefois, n'a pas corroboré cette version, expliquant simplement que "cet incident a fait l'objet d'une discussion en conférence des présidents". Et d'ajouter :
"Ce débat se poursuivra dans les instances du Parlement européen, le bureau. Une enquête aura lieu. [...] Soyez sûrs que le réglement sera respecté.
"
Mais Marine Le Pen, tout en estimant avoir "été mise en cause de façon abjecte par monsieur Weber, accusée de faits dont [elle est] absolument innocente", a également reconnu que"quatre votes" à son nom avaient été effectués en son absence (et "sans [son] autorisation") par Marcel de Graaff, co-président du groupe ENL. Ce dont l'accusaient plusieurs eurodéputés et qui est strictement interdit par le réglement du Parlement européen, qui stipule que "le droit de vote est un droit personnel" et que "les députés votent individuellement et personnellement". Pour voter, les députés européens disposent d'un boîtier situé sur leur bureau, qui n'est actionnable que par une carte magnétique propre à chaque eurodéputé.
Marine Le Pen a ainsi évoqué la "maladresse" de son collègue ce jeudi, déclenchant un joli brouhaha dans l'hémicycle :
"Je suis partie en laissant ma carte de vote, ce que font - et vous le savez bien - des dizaines de députés. [...] Mon collègue, monsieur De Graaff, dont je tiens à dire qu'il est l'exemple de la courtoisie et de l'éthique sans faille, a cru que j'étais partie quelques secondes ; il a effectivement effectué quatre votes en mon absence et sans mon autorisation. Je répète : et sans mon autorisation. Il a commis là une maladresse. Est-ce que ça justifie, encore une fois... Je vais vous dire, mes chers collègues : il a fait preuve de l'esprit chevaleresque dont vous feriez bien, de temps en temps, de vous inspirer.
"
Une déclaration "absolument incroyable" et qui "laisse complètement sans voix", a réagi à sa suite Manfred Weber. Qui a de nouveau attaqué Marine Le Pen, estimant qu'elle a "maintenant un scandale sur le dos" :
"Madame Le Pen, nous savons que vous n'avez pas de compréhension de la véritable démocratie, nous le savons tous dans cette assemblée, mais je crois qu'il faut tenter de vous dire une chose : dans une démocratie, le mandat que nous avons reçu de nos électeurs, c'est quelque chose de sacré. [...] Et ce mandat ne peut pas être délégué à qui que ce soit d'autre. [...] Vous avez maintenant un scandale sur le dos, nous soutenons notre président pour qu'il prenne toutes les mesures juridiques nécessaires à cet égard.
"
Mercredi, Marine Le Pen expliquait au Lab :
"Je n'ai jamais fait voter quelqu'un d'autre à ma place enfin ! J'ai voté durant 2h15 et je suis partie juste avant la fin. Si quelqu'un a fait cela, c'est évidemment sans mon consentement.
"
Manfred Weber, quant à lui, avait tweeté : "Suspicions de fraude par la présidente du groupe ENL, Marine Le Pen, au cours de la session de vote d'aujourd'hui. Le groupe PPE demande à Martin Schulz [président du Parlement, ndlr] de lancer une enquête."
Suspicions of fraud by #ENF group Chair M Le Pen in today's voting session : @EPPGroup is asking @MartinSchulz to launch an investigation
— Manfred Weber (@ManfredWeber) 28 Octobre 2015
Le voilà donc ciblé par une plainte pour diffamation.
[Edit 13h25 : ajout déclarations en séance]
À LIRE SUR LE LAB :
> Des eurodéputés accusent Marine Le Pen de fraude durant une session de vote au Parlement européen
> Le FN annonce la création d'un groupe au Parlement européen : "Europe des Nations et des Libertés"