Soupçons d'emplois fictifs du FN au Parlement européen : l'assistant de Louis Aliot n'a échangé qu'un seul SMS avec lui en huit mois

Publié à 17h44, le 11 avril 2017 , Modifié à 17h44, le 11 avril 2017

Soupçons d'emplois fictifs du FN au Parlement européen : l'assistant de Louis Aliot n'a échangé qu'un seul SMS avec lui en huit mois
Louis Aliot © AFP

L’enquête sur les soupçons d’emplois fictifs du FN au Parlement européen se poursuit. En mars 2015, le président du Parlement européen Martin Schulz avait saisi l’Olaf (Office européen de lutte contre la fraude) et le Parquet de Paris après avoir découvert que 20 des 24 assistants parlementaires européens frontistes figuraient dans l’organigramme du parti en France.

Le parquet de Paris avait dans la foulée ouvert une enquête préliminaire, avant de confier le dossier aux juges d'instruction. L'information judiciaire porte sur des délits présumés d'abus de confiance et recel, escroqueries en bande organisée, faux et usage de faux et travail dissimulé. Selon les informations de l’Obs dévoilées ce mardi 11 avril, un cas intrigue particulièrement les enquêteurs : celui de Laurent Salles, l’assistant parlementaire européen du vice-président du FN en charge du projet Louis Aliot, entre juillet 2014 et février 2015.

Problème : Laurent Salles n’a échangé qu’un seul SMS avec son "employeur" au cours de cette période, souligne l’Obs. "Hormis cet échange du 5 septembre à 14 h 38, aucun courrier, ni même aucun e-mail entre l’assistant et le député n’a été retrouvé par les enquêteurs", écrit l’hebdomadaire. Pour le moins troublant…

A défaut de s’écrire, Louis Aliot et Laurent Salles auraient tout de même pu se parler. Ils ont peut-être d’ailleurs échangé… à Nanterre, bien loin de Bruxelles. L’analyse de "la badgeuse" installée au siège du FN montre en effet que lors de sa dernière semaine de travail comme assistant parlementaire européen, Laurent Salles s’est présenté à Nanterre tous les jours entre 9 heures et 23 heures. Sans doute pour parler des dossiers européens, et rien d’autre que ça.

Sur ce laps de temps, poursuit l'hebdomadaire, Louis Aliot n’a été présent au siège du FN que lors de deux journées. Les échanges entre le député européen du FN et son assistant parlementaire, conseiller municipal à Suresnes, ont donc été pour le moins limités.

La discrétion de Laurent Salles intrigue donc les policiers de l’OCLCIFF, chargés d’enquêter sur les soupçons d’emplois fictifs au FN au sein du Parlement européen. Elle est selon eux "susceptible de caractériser la nature fictive de l’activité parlementaire européenne de Laurent Salles", écrivent-ils.

Autre détail troublant : l’assistant de Louis Aliot figurait dans l’organigramme du FN comme assistant de Yann Maréchal-Le Pen, l’une des filles de Jean-Marie Le Pen, à la délégation générale des grandes manifestations du parti. En dehors de ces huit mois au sein du Parlement européen, Laurent Salles a toujours été rémunéré par le FN en tant qu’assistant, du 9 septembre 2013 au 31 mai 2014, puis de nouveau depuis le 1er mars 2015, "pour un salaire brut mensuel de 2.560 euros, identique à son salaire d’assistant parlementaire européen", selon les enquêteurs.

Ni Laurent Salles ni Louis Aliot n’ont pour le moment été entendus par la justice. Le député européen n’a pas été en mesure de fournir des preuves du travail de son assistant lors de ces huit mois de contrat, indiquant simplement devant le Parlement européen qu’il était "en charge de son agenda". Joint par le Lab, Louis Aliot n’a pour le moment pas donné suite.

Deux anciens assistants parlementaires de Marine Le Pen, son garde du corps Thierry Légier, et sa cheffe de cabinet au siège du FN Catherine Griset, avaient été placés en garde à vue le 22 février dernier à la suite de soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen. Catherine Griset avait été mise en examen du chef de recel d’abus de confiance dans cette enquête.

Du rab sur le Lab

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